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Confessions d'un homme dangereux (c) D.R. CONFESSIONS
D'UN HOMME DANGEREUX

de George Clooney
Par Frank CARANETTI


SYNOPSIS : Concepteur et animateur de quelques-unes des émissions télévisées les plus navrantes des années 1960-70, Chuck Barris est abordé par un mystérieux agent de la CIA qui lui propose de devenir tueur à gages pour le compte du gouvernement américain.

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POINT DE VUE

 

  Confessions d'un homme dangereux (c) D.R.

« Mon nom est Chuck Barris. J’ai écrit des chansons pop, j’ai été producteur de télévision, j’ai inondé le petit écran d’émissions d’une terrifiante débilité. Et j’ai tué trente-trois personnes ». C’est en ces termes que Barris, dont le livre donne son titre à Confessions of a Dangerous Mind, se présente au spectateur.

Le premier film de George Clooney peut bien s’interpréter comme la biographie filmée de Chuck Barris, producteur et animateur de jeux télévisés célèbres aux USA – The Dating Game en 1966, The Gong Show dix ans plus tard sur la chaîne ABC -, qui le plus souvent mettent en scène des candidats humiliés devant la caméra ; un individu sans charme, tueur pour la CIA. Mais Confessions peut également se lire d’une autre manière, comme la plongée dans les méandres d’un esprit troublé, comme le récit rêvé d’un individu lui-même insatisfait de la médiocrité de l’existence. Le livre qu’écrivait Barris en 1980 est aujourd’hui vendu en librairie comme « roman autobiographique », deux termes antinomiques qui résument l’ambiguïté volontaire de Confessions.

Inutile donc de chercher une quelconque vraisemblance dans l’histoire de cet animateur de télévision engagé pour assassiner des « ennemis » des Etats-Unis d’Amérique partout dans le monde. Le travail du directeur de la photographie Newton Thomas Sigel, comme la distance que met le scénariste Charlie Kaufman, habitué des personnages schizophrènes (1), entre le récit de Barris et son propre script, construit un film comme hors de toute réalité, où la notion de vraisemblance apparaît dérisoire.

Confessions d'un homme dangereux (c) D.R.

Barris, qui dans ses émissions quotidiennes ridiculise l’Américain moyen qui n’aspire qu’à une gloire impossible à atteindre, trouve son plaisir dans des meurtres qu’il doit commettre dans le plus parfait anonymat, d’abord au Mexique puis en Europe de l’Est. Lui que rien ne distingue de ses « victimes » médiatiques, qui n’a aucune conviction ni sentiment patriotique, tue par distraction, pour une aventure quasi-enfantine, sans risque la plupart du temps, où l’homme inoffensif qu’il est peut donner le sentiment d’être finalement dangereux, intrépide, et où il peut côtoyer les plus belles femmes - Julia Roberts dans le rôle de Patricia. Voilà toute l’ambiguïté du personnage, que ne rend hélas pas la traduction française du titre du film de Clooney (Confessions d'un homme dangereux), la question étant de savoir si Barris est un « homme » ou un « esprit » dangereux -« dangerous mind » en américain dans le texte -, un homme d’action ou un simple affabulateur.