SYNOPSIS :
À Lower East Side, à New York, en plein été, Victor, seize ans,
sa soeur Vicky et son frère Nino, partagent la même chambre
de l'appartement dans lequel ils sont élevés par leur grand-mère.
Cette émigrée de longue date de la République Dominicaine porte
sur eux un regard attentionné et vigilant, plus sévère à l'encontre
de Victor, qui, à ses yeux, a une influence néfaste sur la famille.
Par une chaude après-midi, Victor, qui se veut un séducteur
irrésistible, fait bientôt la rencontre de Judy et de Melanie,
sa meilleure amie. Judy est une beauté mystérieuse, tous les
garçons du quartier tentent de la draguer. Mais celle-ci recherche
plus qu'un simple petit ami, quelque chose de vrai, d'exceptionnel.
Entre l'exaspération de sa grand-mère, l'admiration de ses frères
et soeur et le regard de Judy, Victor s'achemine sur la voie
de la responsabilité. |
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POINT DE VUE
Ne vous fiez pas à l’affiche qui met en
évidence deux ados a priori clean sur eux, ni à la
bande-annonce qui laisse présager le pire dans le genre «teenage
movie» lourdingue. Long Way Home, première fiction
de Peter Sollett, est tout sauf ça. L’adolescence, moment
crucial s’il en est, est un thème qui a trop souvent été sacrifié
à des hordes de teenage movie bêtas, qui préféraient
rire grassement sur le sujet plutôt que d’inviter le spectateur
à la méditation intelligente. Long Way Home emprunte
paradoxalement la seconde voie, même si a priori rien n’était
gagné d’avance.
La première scène est certainement la plus
représentative de l’effet de surprise recherchée. Victor,
jeune ado comme les autres, soit un peu trop dragueur et arrogant,
se désape intégralement… Sous les beaux yeux d’une fille canon
? Perdu : il s’agit de la fille « la plus moche du quartier
». Il se rend compte que tout le monde sait qu’il a eu une
liaison avec cette dernière et, du coup, décide de prouver
qu’il peut également séduire une fille canon, et pourquoi
pas, Miss Judy, qui bizarrement se refuse aux autres... Voilà
le vaste dilemme que semble nous proposer le début du film.
Et c’est un dilemme prologue trompeur, qui fait mine d’inviter
l’adolescent lambda sur le terrain de la comédie potache pour
en vérité le transporter ailleurs.
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Le film évolue en même temps que ses personnages.
Au départ simplistes, ils gagnent tous en ambiguïté, en nuances,
en subtilité, pour au final nous ressembler et nous toucher
au plus profond. Long Way Home est un récit initiatique
qui passe par des phases douloureuses mais qui, quand on en
arrive au bout, se révèlent touchantes. C’est également une
comédie, jamais gratuite, jamais graveleuse, sans pour autant
être consensuelle. Loin des clichés, elle cherche juste à
acquérir une authenticité universelle et à enregistrer le
désir brut, les échanges amoureux, l’émulation entre potos,
les histoires de « mytho » qui bouleversent la vie
de l’ado qu’on a tous été.
A la vue du quartier où se situe l’action
du film, certains pourront d’emblée reprocher au cinéaste
d’avoir éludé la violence (a priori) inhérente aux fictions
traitant des zones sensibles. Mais Peter Sollett voue ne jamais
l’avoir connue, aussi paradoxal que cela puisse paraître.
Donc pourquoi tomber dans le piège du cliché vain et de la
surenchère sociale? Le film se suffit à lui-même, et aux expériences
rapportées de chaque membre de l’équipe (acteurs, scénaristes)
qui ont mis leur vécu dans un scénario éminemment robuste
(cf. interviews). Cela n’en fait pas l’ombre d’un doute, tant
la structure narrative est d’une justesse exemplaire. Tout
fonctionne sur la notion de groupe et de communauté. Les interprètes
sont, par exemple, si bien dirigés qu’on a plus l’impression
d’avoir affaire à un documentaire qui filme les déambulations
de Victor qu’à un film.
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