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Certes, Long Way Home propose un
regard nouveau sur un sujet rebattu, brosse un portrait à
la fois savoureux et original d’un ado, mais surtout il capte
la détresse humaine dans ce qu’elle a de plus poignante. L’exemple
le plus probant serait celui de la grand-mère, livrée à elle-même,
qui se sert de sa pression et de son puritanisme pour «séquestrer»
ses petits-enfants chez elle. Telle une mère protectrice,
voire castratrice (elle ne veut pas que ses enfants goûtent
aux joies du plaisir sexuel), elle continue de laver les cheveux
à ses petiots et adore entendre son petit-fils jouer du piano.
Le puritanisme est indéniable (elle emmène ses enfants à l’église
et ne veut pas que ces derniers accumulent les péchés) mais
peut être perçu comme un prétexte. Car, dans le fond, cet
attachement ridicule aux traditions démontre la tristesse
d’une femme qui n’a pas envie de voir ses enfants grandir
et la quitter. Cette oppression est alors plus une preuve
d’amour que d’inflexibilité. Elle est extrême car elle peut
avoir des conséquences délétères sur l’harmonie familiale
(la confrontation perpétuelle entre la grand-mère et Victor
à qui elle reproche une mauvaise influence sur la famille)
mais elle est compréhensible et excusable ((cf. la magnifique
scène du pardon). Le téléphone, objet-clé du film, est un
symbole de la communication, d’exil et, peut-être même, d’amour
(la soeur de Victor avec le frère de Judy). Cadenassé par
la grand-mère, il est un reflet matériel de la situation des
trois enfants, enfermés chez eux et condamnés à regarder des
émissions télé ringardes !
Sollett montre aussi des adolescents qui
ne croient plus en l’amour. Sans doute, parce que les adultes
ne veulent pas qu’ils le découvrent pour ensuite demeurer
malheureux (comme la grand-mère meurtrie) ou alors, simplement,
parce qu’ils ont peur d’exprimer leur sentiment et paraître
trop démonstratif envers la personne aimée (le frère de Judy).
Mais ce sont des êtres tenaces qui, par une sorte d’insistance
frénétique, obtiendront ce qu’ils veulent : le copain de Victor
qui veut que son amie enlève ses lunettes et se détache les
cheveux pour qu’elle ressemble à Julia Roberts, le frère de
Judy qui fantasme sur la soeur de Victor ! Cette dernière
ne se doute pas qu’elle peut séduire parce qu’on ne la considère
pas. Elle découvrira que l’amour des autres passe d’abord
par l’amour de soi-même. Comme chaque personnage, petit à
petit, elle prend conscience qu’elle provoque à son insu un
effet. La morale du film serait alors d’ouvrir les yeux et
de cueillir l’amour qui se trouve autour de nous. Encore faut-il
vouloir ouvrir les yeux!
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En ce qui concerne la soeur obèse, on ne
peut pas dire que Victor soit foncièrement sympa avec elle,
mais là encore, ce sont des apparences car dans les moments
difficiles, les trois frères et soeur se soutiennent, comme
dans ce sublime passage où ils posent leur main sur l’épaule
de Victor, comme pour montrer leur compassion et leur amour
qu’encore une fois ils cachent. Tout repose sur l’allusif
et le non-dit. Peter Sollett préfère ne jamais parler «explicitement»
des choses embarrassantes (la mort des parents, la peur secrète
de la grand-mère !). Des mouvements de caméras, des regards,
des gestes en disent bien plus long que des logorrhées verbeuses.
Le fil conducteur de toutes ses micro intrigues demeure l’histoire
d’amour entre Victor et Judy , deux adolescents qui comprennent
à leur manière que ce ne sera que lorsqu’ils auront mis leur
ego et leurs problèmes personnels de leur côté, qu’ils pourront
enfin s’aimer tranquilles, loin du reste du monde. Mais à
travers tout cela, transparaît un message plein d’espoir qui
consiste à dire que l’adolescence est peut-être un moment
désagréable à passer, et que dans le fond, avec du recul,
il vautvraiment la peine d’être vécu. Et ce message secoue,
bouleverse secrètement chaque jeune adulte qui quitte progressivement
le temps des flirts primesautiers pour emprunter le Long
Way Home !
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Titre : Long way
home
Titre V.O. : The
Long way home
Réalisateur : Peter
Sollett
Scénario :
Peter Sollett
Acteurs : Victor Rasuk
, Melonie Diaz, Kevin Rivera,
Krystal Rodriguez
Photo : Tim Orr
Musique : Brad Jones,
Roy Nathanson
Production : Wild Bunch
Distribution : Mars
Films
Festival : Deauville
2002 (En compétition) & CANNES 2002 (Un certain
regard)
Sortie le : 2 juillet
2003
Durée : 1h 28 min
Pays : Etats-Unis
Année : 2002
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