SYNOPSIS :
François le marin revient sur la terre ferme. Cela faisait cinq
ans qu’il attendait sa belle Irène, en prison pour avoir tué
son mari si violent. Ils ont rendez-vous au Phare des Baleines
dans cinq jours. À peine débarqué, la menace gronde. Témoin
de la brutalité policière envers des pompiers en grève, il s’interpose,
au prix de sa liberté. Passé à tabac, emprisonné, toutes ses
économies confisquées, il parviendra à s’enfuir pour retrouver
son Irène. Mais François « la Poisse » va
rencontrer sur son chemin Marie « Pot de Colle »,
une gamine de douze ans, effrontée fugueuse à la recherche d’un
père idéal. Elle n’aura de cesse de le détourner de son chemin
initial par ses questions intempestives, son espièglerie et
ses rêves d‘un monde sans mensonges. Avec l’aide d’une princesse
aux cheveux rouges, de Paulo le pompier et d’un vieil homme
faussement bougon, ils vont vivre des aventures rocambolesques.
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POINT DE VUE
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Va, petite ! est le récit d’une
initiation à la vie aussi bien pour l’adulte, François le
marin dit « la Poisse » que la gamine Marie dit
« Marie Pot de Colle ». Tous deux sont de
grands rêveurs pour qui le monde est toujours un problème
ou une énigme. Lorsqu’il débarque sur terre, François est
immédiatement pris dans la violence policière. De cette injustice
dont il est à la fois témoin et victime, le héros la vit comme
une malédiction intrinsèque à sa nature. Il a vissé au fond
du cœur et de ses oreilles la conviction profonde que sa mère
ne l’aimait pas, qu’il a le « mauvais œil ». Il
y a là une dimension à la fois pathétique et burlesque du
personnage, un grand gaillard blond à la maladresse touchante
qui ne sait comment exprimer des sentiments.
Face à lui, Marie une gamine à la parole continue pour qui
tout est à questionner. Et en premier lieu, la vie !
Forte de son optimisme en l’amour, elle ne cesse d’interroger
cet adulte qui ne fait que courir. En fait, Marie est le frein
mais aussi le révélateur (au sens photographique du terme)
de François, celle par qui il va peu à peu apprendre ce que
peut être un enfant, une famille, un père. Il y a un basculement
qui s’opère assez vite dans le film où l’enfant devient celui
qui tient la main de l’adulte, où le regard de Marie constitue
François, en tant que père mais aussi et surtout en tant qu’adulte.
Qui a à répondre de ses rêves comme de ses actes ! Marie serait
la figure du metteur en scène du film, ou du moins celle par
qui l’action arrive. Elle relance le récit à chaque instant
menant à la fois François mais aussi le spectateur dans de
nouvelles aventures. Impulsion de vie, de surprises, Marie
est celle qui accélère ou ralentit le temps au nom d’un idéal :
avoir un père, même fictif, même pour de faux.
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Une scène splendide nous montre Marie avec
dans ses bras un bébé. Cet enfant comme tombé du ciel (citation
ou clin d’œil au Kid de Chaplin où l’on voyait
deux brigands s’emparer d’une voiture et découvrir dans leur
fuite qu’un bébé faisait partie du voyage… tout comme Marie
et François !) parachève l’image de la famille idéale.
Mais la scène se trouble dans cette représentation d’un baptême.
Marie, nue comme le bébé, dit la prière « au nom du
Père du Fils et de la Sainte-Marie, je te baptise Alice »
et le plonge dans l’eau. Nous sommes exactement dans la configuration
chrétienne où l’Enfant constitue la Vérité de tout un chacun
(Jésus). Ici, Marie l’enfant devient la mère de Jésus (le
bébé volé) mais aussi de François, le mauvais fils mal aimé.
L’eau donne la vie et inscrit cette famille recomposée dans
une filiation sacrée et humaine. Par ce geste hautement symbolique,
l’enfant Marie nous dit son attachement profond au lien, à
la parole et à l’acte.
De même, elle devient la fille de la princesse aux cheveux
rouges allant jusqu’à prendre dans son corps l’identité de
cette femme qui les recueille dans sa ferme pour une nuit.
Si l’on file la métaphore chrétienne, la sorcière qui est
une fermière aristocrate serait Marie Madeleine, celle qui
aimât Jésus en tant que femme. Et de cette union, Marie l’enfant
semble légitimer ce couple d’une nuit.
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