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Mais en dehors de cette occurrence religieuse
subtile, le film est avant tout un récit picaresque où se
mêlent différents genres narratifs : le burlesque, le
conte de fée, le suspens, le drame intimiste, le road movie,
entre autres. Comme si le cinéaste tentait de créer un monde
à la mesure des rêves d’aventures et d’espérance de la gamine.
D’ailleurs, la première rencontre entre Marie et François
est placée sous le signe du cinéma. Après une dispute avec
sa mère, Marie s’enfuit, décidée à partir très loin de là.
Elle découvre dans le jardin, derrière un drap blanc, une
ombre géante qui bouge. Effrayée, elle hurle, un homme quasi
nu, ensanglanté lui saute dessus et la bâillonne. François
qui ne cherchait que des vêtements de rechange apparaît aux
yeux de la gamine d’abord comme un meurtrier ; à savoir
un personnage de roman. De cette première rencontre, le cinéaste
va dérouler pour Marie tout un ruban de rêves, à la fois cocasse
et merveilleux, tel qu’Orson Welles définissait le cinéma.
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Le
réalisateur : Alain Guesnier est plus
connu en tant que producteur indépendant que comme
cinéaste. Va, petite ! est son deuxième
long-métrage de fiction (mais sa cinquième réalisation)
après Le serpent a mangé la grenouille
(1997) fable loufoque et cruelle avec Jean Rochefort,
Ariane Ascaride et Maris Paredes. Dès 1977 avec
Gabriel Auer il fonde Forum Film. Mais ce fut
avec la création d’Agat Films en 1986 qu’il
devint une figure incontournable du cinéma. L’arrivée
de Robert Guédiguian et Gilles Sandoz consolidera
cette structure. Il produisit plus d’une quinzaine
de cinéastes (Jacques Rozier, Guédiguian son partenaire,
Denis Gheerbrant, le chorégraphe Jean-Claude Gallota,
Jean-Louis Comolli)
Autour du film :Va,
petite ! s’inscrit dans la filiation
du cinéma de l’enfance, celui de la mélancolie
où se sont illustrés les plus grands cinéastes.
Clint Eastwood et Un Monde parfait, François
Truffaut et Les 400 coups (sublime Antoine
Doinel qui comme Marie vole pour manger) ou le
jeune John Mohune des Contrebandiers de Moonfleet
de Fritz Lang. Lorsque l’enfant prend en charge
le récit dramatique du film, dès lors s’élabore
une secrète histoire d’identification entre le
spectateur et cet enfant de cinéma. Où la transmission
est la question fondamentale. Loin du regard familial,
l’enfant expérimente la solitude et la peur mais
aussi l’aventure et l’espoir. Confrontée à l’injustice,
à la sexualité et à la violence sociale, Marie
ne cesse de parcourir les routes au nom du père.
François le marin, qui vient d’un ailleurs lointain,
sera ce héros paternel le temps d’une fugue. Et
l’exigence (cette demande d’amour éperdue) de
l’enfant convoque cet adulte absent et tant rêvé
dans ses devoirs mais aussi responsabilités. Comme
si le cinéma ne racontait que cela ; une
histoire d’initiation non sans cruauté et tendresse.
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Titre :
Va, petite !
Réalisateur :
Alain Guesnier
Scénario :
Alain Guesnier, Ricardo Montserrat avec la collaboration
de Valérie Duval
Acteurs : Laurent Lucas,
Julie Julien, Mariane Basler, Jean-Claude Drouot,
Frédéric Pierrot, Philippe Fretun.
Image : Steve Gruen
Son : Pierre Mertens
Montage : Anita Fernandez
et Denise Vindevogel
Musique : Ivan Georgiev
Une co-production franco-belge
: Agora Films - MAIA Films - Saga Films
Avec : Montparnasse
Productions et la RTBF (télévision belge)
Producteurs : Gilles
Sandoz et Alain Guesnier.
Distribution : Mercure
Distribution
Festival : Festival
International du Film du Caire 2002
Date de sortie : 16
Juillet 2003
Durée : 105 minutes
Année : 2002
Pays : France
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