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Dogville (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2003
Sélection officielle
en compétition

DOGVILLE

de Lars Von Trier
Par Annelise LANDUREAU


SYNOPSIS : Dans les années 30, à Dogville, une petite ville des Rocheuses. On entend des coups de feu. Grace, une belle femme terrifiée, monte en courant un chemin de montagne où elle fait la rencontre de Tom, un jeune habitant de la bourgade. Elle lui explique qu'elle est traquée par des gangsters et que sa vie est en danger. Encouragée par Tom, la population locale consent à la cacher, en échange de quoi Grace consent à travailler pour elle. Lorsqu'un avis de recherche est lancé contre la jeune femme, les habitants de Dogville s'estiment en droit d'exiger une compensation, vu le risque qu'ils courent à l'abriter. Mais la pauvre Grace garde en elle un secret fatal qui leur fera regretter ce geste...

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POINT DE VUE


Où le film des grands espaces devient celui des grandes idées....


  Dogville (c) D.R.

Un plan géant : un plan d'ensemble comme les aime le cinéma hollywoodien. Un plan qui en met plein la vue.

Le plan d'ensemble le plus énorme, le plan d'ensemble par essence, en un mot : le Plan. Celui de Dogville et ses maisons, et les noms de ses habitants, et le nom de leur chien, et au-delà : le néant.

Début d'une trilogie que son auteur plaisante déjà à appeler USA, Dogville se présente comme la première salve d'une ultime razzia. Au-delà du concept, Lars Von Trier déboulonne le mythe américain par le truchement de son cinéma.

Qui a dit que les films de ce Festival de Cannes étaient loin des préoccupations internationales ?


Miroir, mon beau miroir...

Dogville (c) D.R.

En réponse à un théâtre qu'il jugeait trop à la solde des gouvernants et « reflet direct » de leur idéologie, Brecht avait conçu l'art de la « distanciation », pour empêcher l'identification aveugle du spectateur et susciter son sens critique. Reprenant ce même principe, meilleure arme pour viser un système des plus omnubilés par l'adhésion bête et méchante de son public : l'Entertainment, Lars Von Trier pose ses comédiens (et pas n'importe lesquels !) sur un plateau noir, avec leur talent pour seule poudre de perlimpinpin.

A chacun son archétype. De la blonde et innocente Grace (qui n'est pas sans évoquer Grace Kelly ou l'éternelle héroïne hitchcokienne à la fois pure et perverse) : la femme fatale littéralement « prisonnière du désert » , au vilain simplet, en passant par le presque attachant solitaire westernien  (Stellan Skarsgard), l'érudit (Paul Bettany, alias Tom) ou le gangster (James Cann rejouant le Parrain, par exemple), tous paradent et évoquent tour à tour un pan de la glorieuse histoire du cinéma américain... avant sa chute.

Lauren Bacall ne sucre pas encore les fraises, mais cultive les groseilliers et l’on peut voir dans le personnage de l'ancienne esclave hébergée chez les Edison le fantôme de la bienveillante nounou de la Scarlett d'Autant en emporte le vent (la référence du cinéma du «  Bigger than life ») tandis que son Rhett Butler (Ben Gazzara) a perdu de sa superbe, aveugle, cloîtré dans son écrin de velours.