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La Caja Negra (c) D.R LA CAJA NEGRA
de Luis Ortega
Par Cécile GIRAUD


SYNOPSIS : Dorotea , 17 ans, vit avec sa grand-mère centenaire. Tous les matins, la jeune fille lui fait sa toilette avant d'aller travailler à la blanchisserie.Eduardo, le père de Dorotea, sort de prison et se retrouve à arpenter les rues bruyantes de la ville. Un lit lui est offert à l'Armée du salut. Cet homme étrange et frêle fait tout pour éviter la confrontation avec elle. Mais les premiers contacts sont difficiles...

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POINT DE VUE

  La Caja Negra (c) D.R

La Caja Negra  : une scène emblématique donne son titre au film, la plus forte visuellement et émotionnellement, la plus intrigante aussi. Un homme dans une « boîte noire » semble être enfermé et restreindre son corps tout en nous le faisant découvrir, nous montrant ses difformités. Dans cette boîte noire se joue à la fois naissance et mort, jouissance et souffrance. Sa bouche transformée en béance émet des sons déchirants, comme le symbole d’un corps incontrôlable et handicapant.

Cet homme, c’est le père de Dorotea, une jeune fille tentant un compromis entre jeunesse et âge adulte, qui s’occupe de sa grand-mère, une philosophe singulière et fantasque qui se sait à la fin de sa vie et qui transmet à sa petite-fille son savoir sur l’humanité. Chaque matin, Dorotea part à vélo travailler à la blanchisserie. Lorsque son père sort de prison, elle va jusqu’à l’armée du salut retrouver cet homme au corps long et étrange, qui doit réapprendre à marcher, à travailler, à communiquer.

La Caja Negra (c) D.R

De jour en jour, un lien silencieux se crée entre eux, chacun vaquant à ses occupations : Dorotea répétant les même gestes à la blanchisserie, son père tentant de donner forme à son corps encombrant : sur un même banc, il expérimente plusieurs positions : assis, couché, sur le côté…

Par la répétition, Luis Ortega donne une véritable substance à ses personnages, sans pitié ni condescendance. Il les observe dans ce qui fait leurs existences, ce qui leur donne corps : Dorotea dans son uniforme de travail, la peau ridée et les cheveux blancs de la grand-mère, le corps étrange du père. Le jeune réalisateur, avec ce premier film, crée de véritables figures, vivantes par-delà la narration.