Les premières scènes nous emmènent dans
les recherches de la brigade : derrière les parois de pierre
grise se cachent des résistants et des trésors : tableaux,
livres, couleurs. Certains de ces trésors sont confisqués pour
être étudié, d’autres sont brûlés sur-le-champ, et, prise dans
les flammes, Mona Lisa lance au chef de la brigade son étrange
sourire. Equilibrium nous entraîne dans un petit labyrinthe
où il faut suivre un par un les oasis de couleur jusqu’à arriver
au cœur de l’underground. Lorsque le chef de la brigade
oublie sciemment de prendre sa dose d’anti-émotion, la couleur
va envahir peu à peu l’espace : d’abord un ruban rouge,
puis un chiot pour finir sur un plan de la ville à l’aurore,
baigné par le soleil, des couleurs chaudes et un arc-en-ciel.
Tableau certes naïf et manquant sans doute de moyens financiers,
mais sous-tendu par un réel message et le visage doux d’Emily
Watson, seule source d’espoir du personnage masculin, et seul
ancrage d’humanité pour le spectateur.
Loin d’être idéaliste, le film s’ouvre et
se termine sur des images perturbatrices : des images
de Staline et de Sadam Ussein, suivies peu après par celle
de Hitler, font office d’introduction et mettent mal à l’aise
le spectateur européen : Equilibrium est bien
un film américain. La suite renverse la donne : ces hommes
de pouvoir et de foi qui tuent pour éviter la violence nous
rappellent certains présidents de notre époque. La fin procède
également par un renversement : les opposants se libèrent
dans un bain de sang, tuant ceux qui obéissent. Finalement,
rien n’est parfait dans le monde de Equilibrium, la
violence est inévitable. Et si la philosophie orientale est
utilisée, c’est pour détruire : la technique de combat
permet de tuer cinq attaquants tout en se protégeant des coups.
L’une des scènes les plus réussies esthétiquement est d’ailleurs
l’une des premières scènes de combat, dans laquelle Christian
Bale tue ses attaquants dans le noir, créant ainsi un ballet
de flashes où les corps tombent dans un effet stroboscopique.
Au-delà de scènes d’action parfois un peu pauvres et d’un
scénario parfois attendu, Equilibrium est un film qui
mérite d’être considéré et vu, et qui révèle plus de sincérité
et de cohérence dans ces parti-pris esthétiques que d’autres
films d’anticipation plus tape-à-l’œil.
Titre : Equilibrium Réalisateur :
Kurt Wimmer Scénariste :
Kurt Wimmer Acteurs : Christian
Bale, Emily Watson, Sean Bean, Taye
Diggs, Angus Macfadyen Photo : Dion Beebe
Dion Beebe Musique : Klaus Badelt Production : Blue Tulip Distribution : TFM
Distribution Date de sortie : 09
Juillet 2003 Durée : 1h 47mn Année : 2002 Pays : USA