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Lost in la mancha (c) D.R. LOST IN LA MANCHA
de Keith Fulton, Louis Pepe
Par Annelise LANDUREAU


SYNOPSIS : Lost in la mancha dévoile les coulisses d'un film inachevé, intitulé L'Homme qui tua Don Quichotte. Pendant plusieurs semaines, Keith Fulton et Louis Pepe ont suivi le réalisteur Terry Gilliam dans son combat désespéré pour sauver un projet qu'il développait depuis plus de dix ans.

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POINT DE VUE

  Lost in la mancha (c) D.R.

Il y a deux personnages idéaux pour les grands réalisateurs : Jeanne d’Arc et Don Quichotte. Après G.W Pabst, Grigori Kozintsev et Orson Welles, Terry Gilliam a voulu lui aussi livrer son interprétation du personnage romanesque, malgré la rumeur de malédiction qui entoure toutes les tentatives d’adaptation cinématographique du roman de Cervantès.

Voilà plus de dix ans qu’il portait en lui le pourfendeur de moulins, l’idéaliste, le dramatique Don Quichotte de la Mancha, et après avoir accepté un budget bien moindre de ce qui était prévu initialement (néanmoins le plus élevé dans l’histoire de la production européenne !), le tournage pouvait enfin avoir lieu.

Lost in la Mancha raconte l’histoire de ce film qui n’existera pas, L’Homme qui tua Don Quichotte, et brise la frontière entre le rêve d’un réalisateur et son juge : le spectateur.

Lost in la mancha (c) D.R.

Les premières images du documentaire, un astucieux montage des dessins du story-board, doublées par la voix de Terry Gilliam et de son assistant réalisateur, nous révèlent ce à quoi aurait ressemblé la première scène de ce film tant attendu : Don Quichotte (Jean Rochefort), en selle sur un cheval qui n’a que la peau sur les os, charge des moulins, sous le regard effaré d’un publicitaire (Johnny Depp) échoué en plein XVIIe siècle, que le vieil original prend pour son fidèle Sancho Pansa. 

Le cinéphile maniaque goûte l’extrait avec un plaisir mêlé d’amertume : à la différence des amuse-gueules de Cannes de quelques minutes, type Terminator ou Gangs of New York, la séquence s’achève ici avec la certitude qu’on ne verra jamais rien de plus. D’abord parce qu’aujourd’hui le projet est toujours bloqué, les droits du scénario appartenant à la compagnie d’assurances, ensuite parce que bien plus que sur ce qu’aurait été ce film, Lost in la Mancha éclaire le spectateur sur les raisons pour lesquelles il n’existe pas, et n’existera sans doute jamais.