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A cinq heures de l'après-midi (c) D.R. A CINQ HEURES
DE L’APRES MIDI

de Samira Makhmalbaf
Par Florence POMMERY


SYNOPSIS : A cinq heures de l’après midi, après la chute du régime des Talibans en Afghanistan, les écoles ouvrent de nouveau leurs portes aux filles. Parmi elles, Nogreh veut devenir chef d’Etat afin de réformer le statut de la femme afghane.

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L’école comme lieu démocratique

  A cinq heures de l'après-midi (c) D.R.

Trois ans après le Grand Prix du Jury pour Le Tableau Noir, l’Iranienne Samira Makhmalbaf décroche cette année le Prix du Jury à Cannes avec son nouveau long métrage A cinq heures de l’après midi. Une œuvre phare sur l’après-Taliban qui questionne le devenir d’un Afghanistan dévasté, écartelé entre le modèle occidental et la répression intégriste.

A cinq heures de l’après midi s’inscrit dans le prolongement du Tableau Noir et surtout du court métrage que Samira réalisa dans le cadre du film collectif 11’09’01’ sur l’événement du 11 septembre 2001 puisqu’on y retrouve la question de la transmission du savoir et de l’ouverture à d’autres cultures. Un apprentissage qui, à terme, permet de mieux comprendre le monde. L’école et plus particulièrement la figure de l’institutrice constituent une thématique récurrente chez la jeune réalisatrice. Un passeur de savoir qui incarne souvent la lutte contre les fondamentalistes et toutes les formes d’intégrisme. Dans son nouvel opus, la réalisatrice abandonne la figure tutélaire pour s’intéresser à l’élève. Nogreh est une jeune femme qui va à l’école pour devenir chef d’Etat. Seules les femmes détiennent la connaissance et assurent la transmission du savoir. La scène où elles prennent chacune la parole pour défendre leurs idées démontre que l’école est le seul terrain où peut s’exercer la libre parole se révélant ainsi comme le lieu démocratique par excellence.


Changer les mentalités et lutter contre la réalité historique

A cinq heures de l'après-midi (c) D.R.

Le père de Nogreh l’emmène pour aller prier. Mais celle ci cache son livre de prières sous son tchadri, troque sa burga contre son uniforme d’écolière et ses chaussons abîmés contre une paire d’escarpins blancs à talons. Ainsi transformée, elle se découvre la tête et part étudier à l’école.

Les chaussures blanches revêtent une valeur symbolique très forte : celui de la féminité. Les escarpins redonnent sa féminité à Nogreh, restaurent une dignité bafouée par des années d’intégrisme.

Cette paire de chaussures l’élève à une autre condition que celle de victime de la guerre et constitue un symbole tangible qui la rattache à son rêve.

Mais au fur et à mesure, le désespoir s’installe. Nogreh jette furieusement les escarpins. Elle a perdu tout espoir de changer les mentalités dans son pays et plus profondément, n’a plus d’illusion sur sa propre destinée. Elle ne peut pas lutter contre la réalité socio-historique de son pays, qui vient se heurter violemment à tous les désirs et les espoirs naissants d’ouverture au savoir comme le montre la mort d’une de ses camarades.