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Hero (c) D.R.

Ce film lui permet de rendre un vibrant hommage au Rashomon de Kurosawa. Yimou, dans un article du Times qu’il a consacré au maître nippon, raconte : « Il y a seulement quelques semaines, j'avais une discussion avec mon équipe sur un film d'action que nous réalisons. Nous avons conçu une scène dans laquelle plusieurs personnes racontent leurs histoires de perspectives différentes et nous avons compris: Mais, c'est Rashomon». Hero est un récit narré tour à tour par le roi Quin et Sans Nom. Ce dernier, au travers de plusieurs versions d’une même chronique mise successivement en scène, raconte comment il est parvenu à conquérir les armes du couple d’assassins Neige et Lame Brisée.

Aux trois versions de l’histoire, narrées chacune selon une perspective différente, correspond une couleur dominante : rouge, blanc, bleu. Ce dispositif esthétique, reposant sur l’utilisation de couleurs comme symboles, est inextricablement liée à l’intrigue. La première version de la narration de Sans nom est éclairée par le rouge, couleur du sang, l’agressivité et les sentiments y sont exacerbés. La deuxième histoire, dite bleue, met en scène les relations de Neige et Lame Brisée. Le troisième récit est la synthèse des deux précédentes narration, avec pour couleur le blanc, symbole de la vérité et de la pureté.

  Hero (c) D.R.

Hero s’achève sur l’affrontement tragique entre le Roi de Quin et Sans Nom. Yimou grand admirateur des films à grand spectacle de Kurosawa, et en particulier des scènes de bataille, a adopté un style de couleurs inspiré de Ran. Ce film de sabre chinois est émaillé de combats, minutieusement chorégraphiés par Tony Ching Siu Tung. Le parti pris du cinéaste consistant à leur ôter volontairement toute tension dramatique, pour la remplacer par une dimension poétique, débouche sur un résultat singulier. En effet, les duels ont un air de déjà-vu, ils ne possèdent évidemment pas la fougue ni la frénésie des ballets du wu xian pan hongkongais traditionnel.

Cette superproduction, plus gros budget du cinéma chinois avec 31 millions de dollars, est un divertissement d’action lyrique plaisant. Sa plus grande réussite se situe au niveau du travail esthétique visuel, qui est éclatant, avec les costumes, les décors et la lumière. Mais Zhang Yimou, en dépit d’un authentique engouement, fait d’admiration et de respect, pour des films comme Yojimbo et Sanjuro ne réussit pourtant jamais ne serait ce qu’à effleurer la quintessence des grandes fresques, que sont Ran et Kagemusha, du maître Kurosawa.



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(1) Interview de Jia Zang Ke par Frank Caranetti et Jean-Michel Wingertsmann, in Objectif Cinéma





Titre : Hero
Réalisateur : Zhang Yimou
Scénariste : Li Feng
Acteurs : Jet  Li, maggie Cheung, Ziyi Zhang, Tony leung Chiu Wai, Chen Daoming, Donnie Ye
Compositeur : Tan Dun
Directeur de la photographie : Christopher Doyle
Producteur : Bin Wang, Zhang Yimou
Production : Miramax Films, USA, EDKI Film Ltd
Sortie le : 24 Septembre 2003
Durée : 1h 38mn