SYNOPSIS :
Quand Anne et sa famille arrivent dans leur maison de campagne,
ils s’aperçoivent qu’elle est occupée par des étrangers. Cette
confrontation n’est que le début d’un douloureux apprentissage
: rien n’est plus comme avant. Ce qui commence comme une histoire
de famille devient vite un drame collectif. Mais c’est aussi
une légende, donc l’histoire d’un sacrifice, donc une histoire
de Saint… |
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L’ENFER, C’EST NOUS
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On dira ce qu’on voudra sur le réalisateur
Michael Haneke, mais les mots ne sont pas assez forts pour
décrire son cinéma. Que ce soit Benny’s Video (une
sordide affaire où un ado obnubilé par le monde des images
assassine une fille) ou La Pianiste (une superbe histoire
d’amour autour de la cristallisation et des fantasmes), chacun
de ses films met le spectateur dans un état second et correspond
à des expériences qui consistent à évaluer le degré de tolérance
du spectateur. Le Temps du Loup, autre illustration
sur le thème de la violence, n’échappe pas à la règle et se
révèle au fil du temps plus perturbant que ces films susdits.
L’introduction brute, violente et simple, met à rude épreuve
une famille venue tranquillement passer des vacances. La situation
rappelle celle de Funny Games, où des gens, arrivés
dans leur maison de campagne, se retrouvent nez à nez avec
de dangereux psychopathes aux gants blancs qui font une fixation
nerveuse sur les œufs. Toute la tension du film se retrouve
concentrée dans cet instantané de cruauté qui pose directement
les thèmes du film: l’incapacité de communiquer et l’impossibilité
de s’entraider.
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La première partie du film montre l’errance
de trois membres d’une famille qui tente de survivre et de
s’aimer alors que le monde autour d’eux s’écroule. Et d’un
coup, c’est le film qui passe d’un état à l’autre. Plus on
avance dans la narration, plus on pense à Code Inconnu
pour la structure de fresque plurielle. Ça n’en est pas
pour autant moins violent. Dans Code Inconnu, Haneke
mettait en scène des saynètes cruelles où la violence pouvait
surgir d’une rame de métro ou d’une piscine. Cette forme de
cinéma, atypique parce qu’elle s’affranchit des conventions
usuelles et ne donne pas immédiatement d’entité claire, peut
dérouter.
La seconde partie, plus longue, montre comment une poignée
de gens venus de toute part tente de résister à cette pénurie
soudaine. Dès le départ, le réalisateur nous identifie aux
membres de cette famille ordinaire qui va être confronté à
un événement extraordinaire: l’intrusion du fantastique et
de l’horreur dans leur monde bourgeois et sans aspérités.
Cette démocratisation sociale (ils doivent se rassembler
avec des gens qui ne partagent pas le même niveau de classe,
ni la même langue) est parfaitement montrée lors d’une scène
où ce qui reste de la famille rejoint le groupe. La mère esquisse
un sourire et lance un bonsoir, et se trouve sans réponses.
Désarmée, elle cherche vainement à se faire comprendre auprès
de gens tout aussi désarmés qu’elle face à cette situation.
Mais la collectivité a pris le pas sur l’individualisme et
la propriété privée. Plus personne ne possède rien. C’est
la perte de soi, la perte de l’individu, des repères, la perte
de tout.
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