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The Weather Underground (c) D.R. FESTIVAL DE DEAUVILLE 2003

THE WEATHER UNDERGROUND

de Sam Green et Bill Siegel
Par Matthieu CHEREAU


SYNOPSIS : Pendant la guerre du Vietnam, une poignée d'étudiants WASP aux idéaux révolutionnaires se rassemblent pour créer « The Weather Underground », formation qui a pour but de renverser le gouvernement de Nixon alors en place. Dans ce documentaire, les anciens membres de ce groupe, incluant Bernadine Dohrn, Bill Ayers, Mark Rudd, David Gilbert et Biran Flanagan, parlent publiquement des idées qui les ont poussées à « ramener à la guerre à l’intérieur du pays » et retracent le chemin qui les a conduit à entrer en clandestinité.

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POINT DE VUE

  The Weather Underground (c) D.R.

Tout le monde connaît la glorieuse époque protestataire qui, débutant en 1964 sur la côte Ouest, s’est achevée au début des années 70, vidée de ce qui en avait fait la force. Une génération entière a participé à ce mouvement, galvanisée par l’homme unidimensionnel, la critique marxiste, voire maoïste, le mouvement hippie, pacifiste, anti-raciste et anti-capitaliste. L’histoire des weathermen s’inscrit entièrement dans cette période, à cela près que leur action ne s’est pas limitée à descendre dans la rue ni à tenir des meetings de protestations. Si ces militants se sont engagés à corps perdu dans la bataille politique et terroriste, c’est qu’en tant que jeunes intellectuels, ils éprouvaient l’intime et l’urgente nécessité d’agir contre un pouvoir oppresseur à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.

« You don't need a weatherman to know which way the wind blows » chantait alors Dylan. Conscients de leurs devoirs, les weathermen identifient l’ennemi et s’attaquent sans tarder aux institutions partie prenante des sévices perpétrés à l’encontre des minorités ethniques (les commissariats, les prisons) ou des actions militaires organisées à l’étranger (les bases militaires, les centres de commandement). Leurs actes sont proportionnels à leur indignation. Mesurant l’importance du pouvoir auquel ils font face, ils lui déclarent une guerre totale. C’est ainsi qu’ils rentrent peu à peu dans une clandestinité qui durera près de 15 années. Poursuivis et harcelés par le FBI, ils doivent également faire face à des scissions internes. Les débats d’idées cèdent la place aux débats sur les méthodes les plus aptes à servir les dites idées. Les jeunes intellectuels découvrent sur le tard les affres de la pensée marxiste. Ils ne réalisent pas encore, comme le rappelait à toutes fins utiles Camus dès la fin de la deuxième guerre dans Les temps modernes, que les moyens importent tout autant que les fins, et qu’aucune philosophie de l’histoire ne saurait justifier que l’un l’emporte sur l’autre. C’est alors que le mouvement peu à peu se nécrose. Les actes terroristes se succèdent tandis que la pensée qui la fondait - triomphante dans les années 60, connaît un dernier relent d’impétuosité lors de l’intensification des conflits au Vietnam puis s’estompe peu à peu à partir de 1973, date où conflit s’achève.