SYNOPSIS :
Pendant la guerre du Vietnam, une poignée d'étudiants WASP aux
idéaux révolutionnaires se rassemblent pour créer « The
Weather Underground », formation qui a pour but de renverser
le gouvernement de Nixon alors en place. Dans ce documentaire,
les anciens membres de ce groupe, incluant Bernadine Dohrn,
Bill Ayers, Mark Rudd, David Gilbert et Biran Flanagan, parlent
publiquement des idées qui les ont poussées à « ramener
à la guerre à l’intérieur du pays » et retracent le chemin
qui les a conduit à entrer en clandestinité. |
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POINT DE VUE
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Tout le monde connaît la glorieuse époque
protestataire qui, débutant en 1964 sur la côte Ouest, s’est
achevée au début des années 70, vidée de ce qui en avait fait
la force. Une génération entière a participé à ce mouvement,
galvanisée par l’homme unidimensionnel, la critique
marxiste, voire maoïste, le mouvement hippie, pacifiste, anti-raciste
et anti-capitaliste. L’histoire des weathermen s’inscrit
entièrement dans cette période, à cela près que leur action
ne s’est pas limitée à descendre dans la rue ni à tenir des
meetings de protestations. Si ces militants se sont engagés
à corps perdu dans la bataille politique et terroriste, c’est
qu’en tant que jeunes intellectuels, ils éprouvaient l’intime
et l’urgente nécessité d’agir contre un pouvoir oppresseur
à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.
« You don't need a weatherman to know which way the
wind blows » chantait alors Dylan. Conscients de
leurs devoirs, les weathermen identifient l’ennemi
et s’attaquent sans tarder aux institutions partie prenante
des sévices perpétrés à l’encontre des minorités ethniques
(les commissariats, les prisons) ou des actions militaires
organisées à l’étranger (les bases militaires, les centres
de commandement). Leurs actes sont proportionnels à leur indignation.
Mesurant l’importance du pouvoir auquel ils font face, ils
lui déclarent une guerre totale. C’est ainsi qu’ils rentrent
peu à peu dans une clandestinité qui durera près de 15 années.
Poursuivis et harcelés par le FBI, ils doivent également faire
face à des scissions internes. Les débats d’idées cèdent la
place aux débats sur les méthodes les plus aptes à servir
les dites idées. Les jeunes intellectuels découvrent sur le
tard les affres de la pensée marxiste. Ils ne réalisent pas
encore, comme le rappelait à toutes fins utiles Camus dès
la fin de la deuxième guerre dans Les temps modernes,
que les moyens importent tout autant que les fins, et qu’aucune
philosophie de l’histoire ne saurait justifier que l’un l’emporte
sur l’autre. C’est alors que le mouvement peu à peu se nécrose.
Les actes terroristes se succèdent tandis que la pensée qui
la fondait - triomphante dans les années 60, connaît un dernier
relent d’impétuosité lors de l’intensification des conflits
au Vietnam puis s’estompe peu à peu à partir de 1973, date
où conflit s’achève.
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