Partant du schéma scénaristique désormais
classique de l’érudit pris d’affection pour l’un de ses élèves
en difficulté ( et ses variantes A la rencontre de Forrester,
Will Hunting ou autres…), The United States of Leland
se distingue dès le départ par l’angle qu’il choisit, le professeur
étant cette fois celui qui apprendra de l’élève, et non le
contraire.
En effet, en lieu et place de l’initiation
du jeune homme, c’est celle d’un écrivain qui nous est proposée,
Pearl Madison réussissant à écrire son roman grâce à ses discussions
avec Leland.
Quant au meurtre abominable et impardonnable
du jeune handicapé mental, point de départ du film, il ne
sera, contre l’attente du spectateur et des acteurs du drame,
jamais expliqué.
Ce récit écrit à la première personne, mené
par la voix off de Leland, est en effet bien plus un voyage
dans l’univers mental d’un adolescent livré à lui même, abandonné
par son père tout puissant, que le récit rétrospectif d’un
meurtrier, jusqu’à une éventuelle absolution.
Oscillant entre les différents points de
vue : Leland, sa petite amie et sœur de la victime, les
pères, les mères, etc… Matthew Ryan Hoge s’acharne à ne montrer
que le spectacle de la souffrance engendrée par le geste inexplicable,
et non ses racines.
Paradoxalement à la violence des évènements,
la mise en scène fluide et surtout l’esthétique visuelle contribuent
à en distancier un peu plus le spectateur qui se laisse bercer
par la voix off et l’image cotonneuse (un filtre spécial a
été utilisé), jusqu’à ne plus rien ressentir.
Désincarné, spirituel, construit en vase clos (le film commence
et finit dans le sang), The United States of Leland,
malgré son sujet aux résonances bien réelles, la violence
de la jeunesse américaine, semble complètement déconnecté
de la réalité et laisse l’impression étrange d’une rencontre
qui n’a pas eu lieu.
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Titre :The United States of Leland
Réalisation et scénario :
Matthew Ryan Hoge
Acteurs : Don Cheadle,
Ryan Gosling, Chris Klein, Jena malone, lena Olin,
kevin Spacey, Michelle Williams et Martin Donovan.
Photographie : James Glennon
Décors : Edward T. McAvoy.
Montage : Jeff Betancourt
Production : Kevin
Spacey et Bernie Morris, Jonah Smith et Palmer West
Pour : Tigger Street Productions,
Thousand Words
Producteurs exécutifs
: Mark Damon, Sammy Lee, Stewart Hill
Durée : 1h 48mn
Pays : USA
Année : 2003
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