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In the cut (c) D.R. IN THE CUT
de Jane Campion
Par Julien DUFOUR


SYNOPSIS : Frannie est professeur de littérature à New York. Un soir, alors qu’elle donne des cours particuliers à un de ses étudiants dans un bar, elle voit une femme à genoux en train de faire une fellation à un homme dans les toilettes. Le lendemain un inspecteur lui apprend que le corps d’une femme a été retrouvé dans son jardin. Il s’avère que la femme en question n’est autre que celle qu’elle avait aperçu dans les toilettes du bar. Quant au meurtrier, il est fort probable pour Frannie qu’il s’agisse de l’homme du bar sur lequel elle avait remarqué un trois de pique tatoué sur l’avant-bras, identique à celui qu’elle aperçoit sur l’inspecteur.

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POINT DE VUE

  In the cut (c) D.R.

Le soleil se lève, la ville s’éveille. Dans la rue les gens sont sur la route du travail. Frannie, elle, se réveille aussi. Elle est seule dans son lit. Le plan dure quelques secondes, insistant sur l’absence de l’homme qui pourrait se trouver aux côtés de Frannie. Mais il n’y a bel et bien personne. Frannie vit seule dans son petit appartement. Entre son travail, sa sœur qu’elle voit parfois, et son livre d’argot qu’elle prépare, sa vie est plutôt bien rangée un peu à l’image de ces maximes rigoureusement collées sur les murs. Mais après avoir assisté à cette scène de fellation, plus rien ne sera jamais comme avant. Frannie va changer, va devenir plus entreprenante avec les hommes. Elle jette son dévolu sur Malloy, l’inspecteur. Avant d’aller à son premier rendez-vous, sa sœur va lui changer de vêtements, troquer ses sandales avec des talons hauts, et lui mettre quelques bijoux fantaisie. C’est une nouvelle femme qui est née.

Durant tout le film, Jane Campion traque la montée du désir au plus profond de Frannie. Ce brusque changement se traduit par les multiples tremblements de la caméra qui sont autant de vacillements de la pulsion de l’héroïne. Elle découvre en elle une nouvelle identité sexuelle qu’elle n’avait jusque-là jamais soupçonnée. Ainsi une scène du film montre la première relation sexuelle entre Frannie et Malloy dans laquelle ce dernier prend les devants, expliquant avec précision comment pratiquer le cunnilingus. Aux yeux de Frannie, il s’agit là d’une véritable révélation d’un plaisir inconnu. Cette innocence manifeste est parfaitement rendue par le jeu de Meg Ryan. C’est là que Jane Campion se révèle être une grande directrice d’acteurs (qui sont d’ailleurs surtout des actrices). En effet, la réalisatrice néo-zélandaise, en plaçant Meg Ryan dans un registre dramatique, joue avec l’image niaise que l’actrice avait dans les nombreuses comédies romantiques à l’eau de rose.