Ce cheminement intérieur que suit
Frannie trouve un point d’appui dans la résolution de l’enquête.
In the Cut est un perpétuel va-et-vient entre polar
noir, à l’atmosphère poisseuse, toujours à la lisière du
glauque (la scène où Frannie découvre le corps de sa sœur
mutilée est à ce titre un modèle), et le portrait de femme,
exercice dans lequel Jane Campion a fait ses preuves. Frannie
en cherchant à savoir si l’inspecteur est ou pas l’auteur
du crime, essaie par là même de justifier son amour pour
lui. Il s’agit également d’un moyen pour vaincre ses peurs.
Le film entretient d’étroits rapports entre désir et phobies.
Jane Campion filme la ville comme un grand bouillon, espace
duquel pourrait sortir le danger de n’importe où, à n’importe
quel moment. La caméra capte les moindres mouvements comme
potentielles menaces. Le désir flamboyant de Frannie se
trouve confronté au bleu froid et hostile des lumières de
la nuit ou encore du métro.
Cette réalité va alors permettre à Frannie de quitter son
monde fait de fantasmes et de rêves, de mettre de côté les
idéaux qu’elle se faisait sur l’amour comme ceux qu’elle
avait sur la rencontre entre son père et sa mère, scène
dans laquelle le rouge vif vient gorger de sang le noir
et blanc de l’image, où les corps se trouvent sectionnés
par le simple tranchant des patins à glace… Car In the
Cut est un film sur la séparation, sur la castration
(le phare de la fin est une représentation phallique), sur
les forces qui animent cette femme au plus profond d’elle-même,
sur les propres moyens qu’elle se donne pour inverser le
cours des choses, pour pouvoir enfin se donner corps et
âme à son homme. Si selon Nietzsche « vouloir libère »,
alors Frannie est l’incarnation parfaite de cette citation
qu’elle peut désormais faire sienne. In the Cut n’est
pas uniquement un thriller érotique sulfureux, c’est aussi
une très belle histoire d’amour.
Titre : In the cut Réalisateur : Jane Campion Acteurs : Meg Ryan,
Mark Ruffalo, Kevin Bacon, Jennifer Jason Leigh Scénario : Jane Campion,
Susanna Moore D'après son roman :
À vif Photo : Dion Beebe Musique : Hilmar Orn
Hilmarsson Production : Laurie
Parker Distribution : Pathé
Distribution Sortie le : 17 Décembre
2003 Durée : 1h 58mn Pays : Etats-Unis Année : 2003