Triste destin que celui
d’une poétesse que l’on catalogue parmi les folles, internée
en hôpital psychiatrique où elle subit toute sorte de traitement,
et notamment 2 ans d’électrochocs. Le diagnostic : schizophrénie.
La publication par sa sœur de son premier livre, Le Lagon,
la sauve de la lobotomie. Un écrivain bienveillant, Frank Sagerson,
autre figure de l’ange, la pousse à persévérer dans l’écriture.
Elle finit par obtenir une bourse d’écrivain pour voyager :
« va voir en France si j’y suis », dit la chanson
de son enfance. Face à ceux qui lui promettent de lui trouver
« un vrai travail », Janet s’accroche non sans moments
de désespoir : « j’étais aussi asexuée qu’un bout
de bois ». Il faut attendre un poète prof d’histoire
rencontré en Espagne, pour qu’elle commence à vivre, mais l’Américain
l’abandonne pour rentrer chez lui. S’enchaînent alors les petits
boulots, où le suicide apparaît parfois comme un « raccourci
vers l’action ». C’est seulement lorsqu’elle se fait hospitaliser
volontairement pour comprendre son passé qu’on lui fait comprendre
qu’elle n’a jamais…été malade. Ses problèmes résultent de son
internement. L’écriture comme seule thérapie. Janet traverse
et retraverse les océans, sans jamais réussir à sortir de son
île.
Janet Frame double de Jane
Campion ?
C’est en lisant à treize ans son autobiographie que Jane
Campion est profondément touchée par la fraîcheur et la spontanéité
du personnage. La poésie et le lyrisme qui émanent de toute
sa vie, sa mise à l’écart, son attirance pour la figure de l’ange,
une des allégories de l’art qui échappe aux hommes pour rejoindre
le ciel : on comprend ce qui a attiré la réalisatrice,
dont on sait la sensibilité pour la marginalité féminine, vers
cet écrivain à la vie si romanesque. Le contraste des couleurs
des paysages sublimes de Nouvelle-Zélande ramène aussi la réalisatrice
à sa propre enfance qui la fascine.
« Son œil innocent sur les choses les plus simples nous
les découvre pour la première fois. Elle sait aussi transmettre
une angoisse intime des plus douloureuse » écrit Patrick
White (prix Nobel de littérature en 1973) sur Janet Frame.
Cette histoire où l’art et la folie s’entremêlent, adaptée par
Laura Jones, fait obtenir à Jane Campion le Lion d’argent au
Festival du Film de Venise en 1990.
Titre
: Un ange à ma table Titre Original : An
angel at my table Réalisateur : Jane
Campion Acteurs : Kerry Fox,
Alexia Keogh, Karen Fergusson, Iris Churn, Glynis
Angell, K.J. Wilson Éditeur : Studio Canal
/ Carlotta films Langues et formats sonores
: Anglais Sous-titres : Français
Les bonus du DVD Un
Ange à ma table : Sur les traces d’Un
ange à ma table (documentaire sur le montage
et la genèse du film), les scènes coupées, une
galerie de photos et affiches du film, biographies
de Jane Campion, de Janet Frame et de l’actrice
Kerry Fox, bande-annonce.