Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
The Soul of man (c) D.R.
Mais alors, pourquoi ne pas avoir parlé davantage, non pas de la vie de ces hommes, mais de leurs racines, de leur culture, de leur discours. En s’attachant scrupuleusement aux dates, Wenders s’est laissé emporter dans une histoire rectiligne où il n’est jamais question d’héritage ni d’influences. Il peut y avoir un intérêt à traiter de manière isolée le cas de trois grand bluesmen, mais alors on doit bien se garder d’en faire les principales figures d’un mouvement dont on ne prend pas la peine de nommer les autres membres. À trop vouloir mêler la petite et la grande histoire, Wenders maîtrise mal son propos, prend le risque de se frotter à d’autres voix, plus avisées et vibrantes que la sienne. Ainsi, si des écrivains comme Greil Marcus ou encore Nick Tosches se sont illustrés par leurs écrits sur le rock et leur approche particulière de ce mouvement (en deux mots, décrypter l’histoire à la lumière du rock), ils ont également parlé du blues, de la culture dont il procède, des thèmes qu’il traite, de l’influence considérable qu’il a eu sur le rock. Il ne nous importe pas ici de dire qui a le mieux traité le sujet du blues, ni même comment. La seule chose qu’on puisse en définitive reprocher à Wim Wenders est de n’avoir pas su, pour un sujet aussi difficile (car en apparence simple à traiter), riche et fragile que le blues, adopter une démarche conséquente soit directement en prise avec la musique elle-même, soit avec l’histoire de celle-ci.

Une telle démarche était pourtant possible : d’autres, à l’instar de Mika Kaurismaki dans son Moro No Brazil, ont montré l’exemple, en se proposant de comprendre non seulement quelles étaient les diverses sources de la samba (le documentaire conserve toujours une part informative), mais également en ajustant l’image à la musique, en filmant de manière à ce que le corps, le rythme, la foule raisonnent et créent un sens, par la musique, jusque dans l’image. Mika Kaurismaki parvient ainsi à éclairer une musique à la lumière de la communauté qu’elle crée. Que le blues soit une musique plus solitaire et tourmentée que ne l’est, la samba n’est pas la question. L’important réside dans un seul et unique point : si les cinéastes prennent le risque de prendre la musique pour seul et unique objet, alors ils doivent adapter leurs méthodes à ce nouvel objet pour en servir le plus justement la cause.

  The Soul of man (c) D.R.
Le film de Wim Wenders n’est donc pas une réussite. Gageons toutefois que les 6 autres films de la série consacrée au blues (produite par Martin Scorsese) nous réserveront de bonnes surprises, tant la liste des noms avancés (Clint Eastwood, Martin Scorcese, Mike Figgis, Charles Brunette notamment) s’annonce prometteuse.




Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir




Titre
: The soul of a man
Réalisateur : Wim Wenders
Scénario : Wim Wenders
Musiciens : Beck, T-Bone Burnett, Shemekia Copeland, Eagle eye Cherry, vernon Reid, Nick Cave, Alvin Youngblood Hart, Garland Jeffries, Chris Thomas King, Los Lobos, John Mayall, Lou Reed, Marc Ribot, The Jon Spencer Blues Explosion et Lucinda Williams, Cassendra Wilson.
Directrice de la photographie : Lisa Rinzler
Montage : Mathilde Bonnefoy
Directeurs de la production : Samson Mûcke, Paul Marcus
Productrice associée : Belinda Clasen
Sortie le : 14 Janvier 2004
Durée : 1h 45mn
Pays : Allemagne
Année : 2003