SYNOPSIS:
D'abord, il y a Basile Matin, un jeune gars qui a rêvé de Faftao-Laoupo,
le symbole de l'avant dernier sommeil... Maintenant, il sait
que s'il dort encore, il va mourir et le problème, c'est qu'à
son âge, on aimerait bien avoir toute la vie devant soi. Ensuite,
il y a Igor, un autre jeune gars qui travaille un peu et fait
également des études... Mais il n'a pas d'argent et il s'ennuie.
Alors l'histoire de Basile, même s'il n'y comprend pas grand
chose, l'intéresse diablement. Enfin, il y a Johnny Got. Un
peu journaliste bénévole, un peu détective et pas mal voyou,
il s'intéresse beaucoup aux histoires qui ne le regardent pas...
Et celle de Basile le passionne...
(contrepoint critique ou réponse
polémique - surtout pour de rire – a l’analyse de Cécile Giraud
qui pourtant ne m’avait rien fait !)
Du moyen métrage Du Soleil pour les Gueux en 1999 au
long Pas de Repos pour les Braves aujourd’hui, ce qui
a changé, ce n’est pas seulement la longueur du métrage bien
sûr, ni que les gueux soient (devenus, mieux, enfin reconnus
comme ce qu’ils n’ont jamais cessé d’être, à savoir) des braves
dont le repos ne connaît aucun bain de soleil amollissant.
Ce qui a changé, c’est le paysage guiraudien : avant
on ignorait son existence sur la carte du cinéma ; maintenant
que l’on pensait découvrir de nouvelles régions, on nous fait
en fait (un peu, beaucoup) le coup du tour opérateur en terrain
conquis.
Le « processus d’individuation »
(Gilbert Simondon) qu’Alain Guiraudie met en branle dans
son nouveau (et très attendu) film avec le personnage du
jeune Basile Matin avec une énergie et une conviction certaines
n’a pas pour seules finalités de déconstruire la linéarité
narrative habituelle ni de jouer avec les conventions amidonnées
de quelque film de genre que ce soit. Il ne s’agit pas ici
de sous-estimer le ludisme affiché et insolent avec lequel
le cinéaste se lance à l’assaut d’une certaine idée du cinéma
français (comme du cinéma tout court) afin de permettre
de lui ouvrir des accès inconnus jusqu’alors, d’en dynamiser
en conséquence la mécanique, d’en ventiler le plus de possibles…
possibles ! Evoquer les noms des cinéastes Jean-Luc
Godard, Luis Buñuel, Luc Moullet ou F.J. Ossang, des écrivains
Raymond Queneau, Boris Vian, Albert Cohen, Lewis Carroll
est juste mais insuffisant pour rendre compte à la fois
de la singularité du film de Guiraudie comme des limites
inhérentes à sa présente entreprise filmique.
Il s’agit de comprendre pourquoi la virtuosité du film semble
marquer le pas d’une volonté artistique qui ne sort pas
de la clairière, certes touffue, d’un imaginaire adolescent
inventif mais en recul réel par rapport au puissamment transgressif
et politique Ce vieux rêve qui bouge en 2001. Le
problème de Pas de Repos pour les Braves, qui affirme
moins à l’instar des œuvres précédentes qu’il confirme seulement
un potentiel cinématographique réel, est d’être une œuvre
moyenne. Très exactement le moyen terme, à moyenne distance
entre la pure mythologie inventée dans le court métrage
La Force des Choses (1996) et Du Soleil pour les
gueux d’un côté et, de l’autre, du complet réinvestissement
d’un lieu (commun) complètement désaffecté (l’usine couplée
au désir des ouvriers de Ce vieux rêve qui bouge)
au sens propre comme au sens figuré.