SYNOPSIS
: Le retour. Au volant d’une voiture garée dans la cour d’une
ferme, un jeune homme attend. Dans quelques instants, Matthias
va retrouver son passé. 7 ans après son départ précipité de
la propriété familiale (à la suite du suicide de son père),
il retrouve sa mère mourante, Michel, son frère autiste et Isabelle,
sa vaillante sœur. Pour garder la maison et les terres, cette
dernière a été contrainte d’accepter le marché du voisin :
épouser son fils, un ivrogne patibulaire. Matthias n’est revenu
que pour revoir sa mère une dernière fois, dans un tête-à-tête
étrange, presque irréel.
Deuxième court métrage
de Matt Dray après Domicile (un long plan séquence
en noir et blanc déjà très marquant), 20 Novembre
est une œuvre de passage, mature et sèche, recueillie et bouleversante,
produite par Sacrebleu productions.
D’abord, on ne voit que lui, Matthias,
jeune homme venu de nulle part, “ venu d’un autre
pays que le nôtre, d’un autre quartier, d’une autre solitude ”
aurait dit Ferré. Il ne s’agit même pas pour
lui de renouer les fils du passé. Mais de fermer les yeux
d’une mère pour qu’elle repose en paix.
Il est bientôt dans l’encadrement de la porte et le petit
monde présent dans la salle à manger familiale s’est figé.
Comme devant l’apparition d’un fantôme. Dans son regard,
dans sa présence silencieuse et troublante, il y a l’assurance
des hommes qui se sont forgé une autre vie et l’appréhension
du retour aux sources. Quelque chose s’est cassé en lui,
un jour, il y a longtemps, et dans un mélange de lâcheté
et de courage, il est parti. Loin, sans un mot. Sans se
retourner. En revenant ce jour d’automne, il est un prince
en flagrant délit d’inquiétude. L’âme dénudée, fragile,
Mathias est le dernier des hommes d’une famille décomposée.
Il n’est plus que le spectateur d’une déréliction :
une sœur prise en tenaille entre une mère qui vit ses derniers
instants, un frère handicapé, un mari violent qui l’a rendue
enceinte et une belle-mère inquiétante. Quel espoir pour
cette sœur sauvage et belle ? “ C’est comme
ça…On est resté avec nos problèmes ” dit-elle froidement
à son frère. Matthias ne sera pas le détonateur de changements.
Tout juste lancera-t-il, bouleversant, à son frère : “ On
va s’en aller, j’ai de la place chez moi, tu seras bien… ”.
Une proposition qui restera illusion. On ne peut pas revenir
en arrière quand on est entré dans le temps de l’inexorable.