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Mon père (c) D.R. FESTIVAL DE BIARRITZ 2003
FIPA D'OR

MON PERE

d'Andreas Kleinert
Par Nicolas JOURNET


SYNOPSIS : Les Esser emménagent dans leur nouvelle maison qu'ils viennent tout juste de faire construire. Tout semble aller pour le mieux dans la meilleure des familles possibles, quand Richard, le grand-père paternel, se met à dérailler sévère. Ayant pris la mauvaise habitude de sauter une station sur deux, il perd son emploi de chauffeur de bus. Il erre dans les rues n'arrivant plus à rentrer chez lui. Le diagnostic n'est pas très difficile à réaliser : Richard est atteint de la maladie d'Alzheimer. Le début d'un long calvaire pour lui et sa famille.

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L'âge de déraison

  Sauvage Innocence (c) D.R.

Le Vieux est de retour. Comme le souligne un petit article joliment écrit de Télérama (n°2816), la canicule a remis le troisième âge sur le devant de la scène médiatique française. Et pas de ces vieux soft et clean habilement déguisés sous le terme senior par des publicitaires en mal de cible. Non, non, la canicule a rappelé à la société que certains de ces aînés étaient malades, abandonnés, ainsi que, ô horreur suprême, en fin de vie. Mon Père parle de tout cela. Pas de canicule, mais de ce qu'elle a révélé sur la mentalité de nous autres occidentaux : un fossé grandissant entre les générations, un rejet de la vieillesse, de la mort et de la maladie. Le sujet n'est pas nouveau. De nombreux réalisateurs ont filmé la décrépitude d'hommes et de femmes en pointant du bout de la caméra l'indifférence qu'elle suscitait chez leurs apparentés. Mais, souvent, cette description ne constituait pas le corps même du récit, juste un contrepoint. L'intérêt de Mon Père est au contraire de plonger durant toute sa durée la caméra dans la plaie.

La meilleure idée du film est de prendre un vieil homme atteint d'Alzheimer. Alzheimer, ce mal terrifiant qui vous fait replonger à l'état neuronal d'un bébé d'un an, qui vous fait redécouvrir la joie des couches et des repas pris cuillérée par cuillerée. Comment mieux représenter la perte d'indépendance du vieillard ? Comment mieux souligner l'aspect cyclique de l'existence humaine, cercle partant de l'enfance larvesque pour finir à la vieillesse gâteuse ? La déchéance du grand-père est filmé avec luxe détails, mettant le spectateur franchement mal à l'aise. Non pas que les scènes en question soient particulièrement dégradantes, mais plutôt parce qu'elles représentent une situation qui sera peut-être notre avenir. En cela, la prestation de Götz Georg - connu en France pour la série télé Schimansky - est remarquable. Méconnaissable, vieilli, l'acteur allemand ne force pas sur le pathétique. Il crée au contraire un personnage lunaire, d'enfant emprisonné dans un corps d'adulte, qui reste toujours proche de nous même dans son aliénation.