SYNOPSIS
: Les Esser emménagent dans leur nouvelle maison qu'ils viennent
tout juste de faire construire. Tout semble aller pour le mieux
dans la meilleure des familles possibles, quand Richard, le
grand-père paternel, se met à dérailler sévère. Ayant pris la
mauvaise habitude de sauter une station sur deux, il perd son
emploi de chauffeur de bus. Il erre dans les rues n'arrivant
plus à rentrer chez lui. Le diagnostic n'est pas très difficile
à réaliser : Richard est atteint de la maladie d'Alzheimer.
Le début d'un long calvaire pour lui et sa famille.
Le Vieux est de retour. Comme le souligne
un petit article joliment écrit de Télérama (n°2816),
la canicule a remis le troisième âge sur le devant de la
scène médiatique française. Et pas de ces vieux soft et
clean habilement déguisés sous le terme senior par des publicitaires
en mal de cible. Non, non, la canicule a rappelé à la société
que certains de ces aînés étaient malades, abandonnés, ainsi
que, ô horreur suprême, en fin de vie. Mon Père parle
de tout cela. Pas de canicule, mais de ce qu'elle a révélé
sur la mentalité de nous autres occidentaux : un fossé grandissant
entre les générations, un rejet de la vieillesse, de la
mort et de la maladie. Le sujet n'est pas nouveau. De nombreux
réalisateurs ont filmé la décrépitude d'hommes et de femmes
en pointant du bout de la caméra l'indifférence qu'elle
suscitait chez leurs apparentés. Mais, souvent, cette description
ne constituait pas le corps même du récit, juste un contrepoint.
L'intérêt de Mon Père est au contraire de plonger
durant toute sa durée la caméra dans la plaie.
La meilleure idée du film est de prendre un vieil homme
atteint d'Alzheimer. Alzheimer, ce mal terrifiant qui vous
fait replonger à l'état neuronal d'un bébé d'un an, qui
vous fait redécouvrir la joie des couches et des repas pris
cuillérée par cuillerée. Comment mieux représenter la perte
d'indépendance du vieillard ? Comment mieux souligner l'aspect
cyclique de l'existence humaine, cercle partant de l'enfance
larvesque pour finir à la vieillesse gâteuse ? La déchéance
du grand-père est filmé avec luxe détails, mettant le spectateur
franchement mal à l'aise. Non pas que les scènes en question
soient particulièrement dégradantes, mais plutôt parce qu'elles
représentent une situation qui sera peut-être notre avenir.
En cela, la prestation de Götz Georg - connu en France pour
la série télé Schimansky - est remarquable. Méconnaissable,
vieilli, l'acteur allemand ne force pas sur le pathétique.
Il crée au contraire un personnage lunaire, d'enfant emprisonné
dans un corps d'adulte, qui reste toujours proche de nous
même dans son aliénation.