Cette partie du film
frise le surréalisme. Avec des scènes mémorables : l'arrivée
d'un badaud lors d'un entraînement au tir de Lukas dans un
champ, les discussions hallucinantes entre Lukas et un inspecteur
curieux mais totalement à l'Ouest, et surtout la rencontre
d'un plongeur adepte de la planche en plein milieu d'un petit
cours d'eau. À ce rythme-là, le spectateur ne sait plus où
il met les yeux. Il n'a plus la moindre idée de ce qui va
bien pouvoir se produire. À cinq ou six minutes de l'écran
de fin, les plus perspicaces commenceront bien à s'en douter.
Mais ballottés depuis plus d'une heure et demie par un Dito
Tsintsadze - qui cumule les postes de réalisateur, de co-scénariste,
et de co-compositeur - la plupart resteront dubitatifs jusqu'à
la dernière seconde. Une sensation délicieuse d'ailleurs.
Schussangst couvre donc un
spectre d'émotions et de sensations phénoménale. Si ce film
fonctionne aussi bien, c'est parce qu'il s'appuie sur le
réel pour en dégager un imaginaire personnel et par conséquent
unique. Le monde qu'il nous décrit, nous le connaissons
bien pour le côtoyer quotidiennement. Mais, lui, avec son
regard, son choix de cadre, il nous le présente de manière
décalée, altérée ce qui rend étrange, à la fois attirant
et inquiétant, cet environnement qui nous entoure sans beaucoup
nous toucher. Notamment grâce à deux comédiens magnifiques
- Fabian Hinrichs dans le rôle de Lukas et Lavinia Wilson
dans celui de Isabella -, Dito Tsintsadze signe un film
hors norme de grande qualité.
Titre : Schussangst Réalisateur : Dito Tsintsadze Scénario : Dito Tsintadze,
Dirk Kurbjuweit Acteurs : Fabian Hinrichs,
Lavinia Wilson, Johan Leysen, Ingeborg Westphal,
Lena Stolze, Christoph Waltz Direction de la photographie
: Manuel Mack Montage : Vessela Martschewski Musique : Gio Tsintsadze,
Dito Tsintsadze Décors : Thilo Mengler Production : Christine
Ruppert Compagnie de production
: Tatfilm Format : 35 mm, couleur Durée : 105 min Année : 2003