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Schussangst (c) D.R.

Cette partie sociologisante n'est pas désagréable du tout. On ne sait pas trop où cela ne va nous mener, mais la réalisation est classieuse. L'appartement du jeune homme étrange est remarquablement décoré. L'agencement des rares meubles explique bien mieux le caractère du héros que des lignes et des lignes de dialogue. De même, le découpage pièce principale/salle de bains sur lequel Dito Tsintsadze va par la suite faire reposer bon nombre de ces scènes est fort intelligent. Il décompose le lieu en deux parties presque égales permettant de créer des angles différents pour une seule séquence. Ainsi, quand il va accueillir sa dulcinée à domicile, le point de vue de Lukas va constamment se déplacer de l'extérieur de la salle de bains vers l'intérieur. Comment mieux traduire par l'espace ce qui est de l'ordre du fantasme ?

Lukas va tomber amoureux ? Et oui, c'est le deuxième genre choisi par Dito Tsintsadze. Après l'étude sociologique, le film sentimental. Dans un bus, une jeune femme glisse à Lukas un mot manuscrit qui s'avère être un appel à l'aide. Bon samaritain, d'autant que la jeune femme est jolie, Lukas va inviter chez lui cette mystérieuse Isabella. Et en tomber très rapidement fou amoureux. Cette partie est des plus mignonnes. Certes, ce n'est pas Love Actually, mais le charme de Cupidon opère, et voir Lukas se transformer, prendre vie pour les beaux yeux d'une jolie inconnue fait plaisir à voir. Et ben oui, c'est sympa à regarder le romantisme filmé ! Les petits jeux amoureux entre une Isabella qui fait tout pour échauffer les sens du héros et un Lukas plus qu'emprunté dans ses tentatives d'approche sont assez drôlatiques.

  Schussangst (c) D.R.

Mais, en plein milieu de cette idylle naissante, Dito Tsintsadze dévie encore son récit dans une nouvelle direction. Finie la comédie à l'eau de rose pour se diriger tout droit vers le thriller. L'étape intermédiaire est la révélation de l'inceste que subit Isabella. Elle couche avec son beau-père, comme a pu le vérifier Lukas dans les vestiaires du club de kendo, et affirme que ses relations sexuelles se produisent sous la contrainte. Dégoûté par la conduite du beau-père, jaloux également, Lukas décide d'éliminer physiquement le tripoteur sexagénaire. Les premières scènes suivant ce nouveau rebondissement sont plutôt sombres, et puis elles s'éclairent brutalement dans une sorte de comédie noire à l'humour corrosif, où les personnes âgées auxquelles il transporte ses plats préparés vont lui servir de complices plus ou moins volontaires. Une prostituée lui procure un fusil, un ancien soldat lui apprend à tuer, un autre lui fournit des lunettes de visée nocturne.