Comme souvent pour un mauvais film,
les premières séquences vous placent d'emblée face à l'inintérêt
de ce qui va suivre. Dans le cas présent, Dominique de Rivaz
s'échine à filmer des bocaux conservant dans du formol des
fœtus calcifiés et autres organes momifiés pour l'éternité.
Ces scènes font penser à ce qu'aurait fait le plus basique
des réalisateurs hollywoodiens pour retranscrire par l'image
l'antre d'un serial killer ou celle d'une secte satanique
à tendance eugéniste. Censée traduire en quelques plans
la maladie oculaire de Bach, cette amorce frôle donc le
hors sujet. Pourquoi tout ce spectaculaire horrifique avec
reproduction d'opération des yeux à l'ancienne - c'est-à-dire
avec scalpel et sans anesthésique - pour une information
qui va certes influer sur le récit, mais qui ne va rester
qu'un argument de second plan.
Le traitement de cette première idée est donc bien trop
appuyé, bien trop grandiloquent. Mais la suite va montrer
combien ce dispositif est la marque de fabrique de Dominique
de Rivaz. Comme certains dirigent leur travail vers l'épure,
la réalisatrice mène le sien vers l'emphase. Elle semble
particulièrement apprécier quand les effets sont surlignés
à l'extrême, quand l'exagération fait office de démarche
artistique. Les décors de Lothar Holler - en particulier
la chambre du roi et celle de sa sœur - sont ainsi d'un
rare pompeux. À vouloir obtenir une composition de l'image
regorgeant d'informations sur l'époque ou les personnages,
Dominique de Rivaz en arrive à mettre en scène des bric-à-brac
improbables, où les différents éléments constitutifs du
décor sont si soigneusement répartis dans le cadre - pour
que le spectateur puisse saisir d'un coup d'œil le maximum
d'informations - que ces scènes perdent toute crédibilité.
Beaucoup de choses sont ratées dans
Une offrande musicale. De la réalisation au jeu des
acteurs. Mais le scénario remporte le pompon de la médiocrité.
Partie pour traiter le duel entre un génie de la musique
et un as de la politique, Dominique de Rivaz en vient à
traiter de la transmission du talent en prenant l'exemple
de Jean-Sébastian Bach et de ses fils, ainsi que de l'homosexualité
en montrant un Frédéric II abattu par la condamnation à
mort de son militaire d'amant. Cela se voudrait sans doute
une sorte de portrait comparé de deux hommes à la source
de puissance différente, mais cela ne reste qu'une suite
décousue de séquences sans queue ni tête qui donne la désagréable
impression que les auteurs ont cherché à mettre dans le
film toutes les données historiques dont il disposait sur
les deux personnages. Oubliant ainsi au passage que le cinéma
repose sur l'ellipse et la sélection partielle et partiale
de quelques informations pour tenter de dresser une réflexion
sur un thème plus ou moins ramifié.
Le flou observé quant au but visé par la réalisatrice Dominique
de Rivaz se traduit parfaitement dans le titre original,
Mein Name ist Bach. Pour un peu, on croirait que
l'on va assister à une biographie du célèbre musicien !
Ou bien à la suite germanique de Mon Nom est Personne
! Le titre français est plus adéquat, mais cette amélioration
ne s'étend malheureusement pas à un contenu qui reste bien
affligeant, et qui fait de Une Offrande musicale
un film largement évitable.
Titre original
: Mein Name ist Bach Réalisateur
: Dominique de Rivaz Scénario
: Dominique de Rivaz, Jean-Luc Bourgeois, Leo
Ras Direction de la photographie
: Ciro Cappellari Montage
: Isabel Meier Musique
: Frédéric Devreese Décors
: Lothar Holler Production
: Gérard Ruey, Jean-Louis Porchet, Thanassis Karathanos,
Uta Ganschow, Karl Baumgartner Acteurs
: Vadim Glowna, Jürgen Vogel, Karoline Herfurth,
Anatole Taubmann, Paul Herwig, Antje Westermann Format
: 35 mm, couleur Durée
: 97 min