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Klassenfahrt (c) D.R.

L'histoire est bien construite. Avec des dialogues très justes, des personnages bien campés. Mais l'intérêt de Voyage scolaire se situe ailleurs. Dans les creux du scénario, dans tous ces passages qui ne servent pas à faire avancer le récit à proprement parler, mais qui mettent en place une ambiance fascinante de justesse. Les silences de Ronny, les expressions de son visage, sa démarche traînante, sa dégaine de petite frappe tranchant avec un regard empreint d'un grande sensibilité : voilà ce qui fait le charme particulier de Voyage scolaire. Les deux autres personnages principaux – Isa, interprétée par la jolie Sophie Kempe et Marek joué par le massif Bartek Blaszcynk - ne sont pas insignifiants, mais celui de Ronny les dépasse par sa complexité et la prestation bien au-dessus de la moyenne cinématographique du jeune acteur Steven Sperling.

Ronny est l'archétype d'une génération qui apprend généralement avec pas mal de difficulté à gérer de grands bouleversements physiques et hormonaux. Il voudrait faire l'amour, mais a une peur bleue de passer à l'acte. Redoutant sans doute de ne pas être à la hauteur, notamment par rapport à son blondinet d'ami qui se tape sans, lui, se poser de questions métaphysiques à peu près tout ce qui porte un string. Il voudrait s'intégrer dans sa classe, mais a franchement du mal à tolérer la présence des autres, à sortir en dehors de lui, à quitter ses inhibitions. Et quand il y parvient, le résultat est loin d'être fameux. Dans une superbe scène, il décide de se faire violence et de jouer au football avec ses camarades de classe. Voulant trop en faire, il tacle sévèrement une demoiselle qui se blesse. Il s'en va alors les mains dans les poches sur la plage avec le regard pesant des autres adolescents qui le prennent pour un dingue.

  Klassenfahrt (c) D.R.

Mal à l'aise, ne supportant pas qu'Isa fricote avec Marek et refusant de se battre pour la conquérir, Ronny décide alors de fuir, de retourner en Allemagne par le train. Mais là aussi rien ne fonctionne comme il l'avait prévu. Ne maîtrisant pas le polonais, les personnes qui l'ont pris en auto-stop le conduisent à des kilomètres de la gare qu'il espérait atteindre. Il se retrouve obligé de téléphoner à l'hôtel et de retourner avec ses camarades. Ronny est donc cet homme en gestation qui doit pour le devenir totalement abandonner en chemin ses attitudes d'enfant. Un adolescent moyen en somme. Et c'est là la grande prouesse réalisée par Henner Winckler et son équipe : avoir su retranscrire à l'écran le conflit intérieur d'un jeune garçon. Et sans pour cela recourir à des effets de caméra superflus.