DEUX GARCONS DANS UN DESERT
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Avec Gerry, tourné il y a trois
ans et qui dormait dans les tiroirs de son distributeurs
français, Gus Van Sant accomplit une sorte de geste radical
de cinéma, sans concession, magnifique et stupéfiant, qui
témoigne avant toute chose de la liberté souveraine de l’artiste.
Il balaie magistralement toutes les conventions, spécialement
narratives, qui régissent le modèle hollywoodien et qui
plombaient son film précédent, Finding Forrester,
œuvre au demeurant fort estimable. Aussi quel virage à 360
°, quel tournant brutal que ce Gerry, véritable Ovni
cinématographique, comme si Gus Van Sant, dans un pied de
nez formidable au système, manifestait un retour à l’esprit
d’un cinéma indépendant pur et dur.
Le caractère radical du film se vérifie en premier lieu
par son caractère extrêmement dépouillé, minimaliste. Au
niveau de l’histoire tout d’abord, puisque l’argument de
Gerry tient en une ligne : deux jeunes hommes
qui traversent le désert, et c’est tout. Pour le reste,
Gus Van Sant laisse planer une indétermination presque totale :
deux mecs arrivent dans le désert, mais l’on ne sait pas
pas d’où ils viennent, ni où ils vont ; on ne sait
pas ce qu’ils ont fait avant, la nature de leur relation
etc.