SYNOPSIS
: L’Iran de nos jours. Hussein est livreur de pizzas à Téhéran,
mais ne manifeste guère d’enthousiasme à l’égard de ce métier.
Las de cette vie routinière, un jour, avec l’aide d’un collègue
de travail, il entreprend de braquer une bijouterie très chic
d’un quartier de Téhéran. |
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POINT DE VUE
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Sang et or
commence par la scène du braquage. Sans afféterie, avec
une rigueur dans le cadre, Jafar Panahi, le metteur en
scène, enregistre la scène. Hussein menace de tuer sur le
champ le bijoutier s’il ne lui ouvre pas le coffre contenant
les bijoux de valeur. Dans la peur, le bijoutier parvient
à sonner l’alarme qui actionne la grille de sécurité. Hussein
est emprisonné à l’intérieur et la police ne va pas tarder
à arriver sur les lieux. Le désespoir envahit Hussein et
décide d’abattre le bijoutier avant de se donner la mort.
Dans le plan on distingue une symétrie. Sur les côtés une
profonde obscurité tandis qu’au centre du cadre on voit
l’entrée de la bijouterie par laquelle la lumière du jour
perce. Toute l’architecture du plan (non sans rappeler celle
de Kubrick) ne pouvait que pousser Hussein à se donner la
mort. Implacable, inévitable, le destin de Hussein était
scellé d’avance dont la grille se refermant sur lui apparaît
comme une métaphore.
L’effroi étreint le spectateur. L’incompréhension domine.
Il s’agit désormais de comprendre pourquoi et comment Hussein
a décidé de braquer une bijouterie. C’est ce à quoi le reste
du film est consacré en opérant un retour en arrière. A
la base le scénario est signé Abbas Kiarostami, figure majeure
et incontournable du cinéma iranien, dont l’idée vient d’un
fait divers. C’est finalement Jafar Panahi qui hérite du
projet. Sang et or confirme une fois de plus l’intérêt
que porte Panahi à la société iranienne. Alors que son précédent
long-métrage Le Cercle évoquait la dure condition
des femmes en Iran, Sang et or s’attache à décrire
la ville de Téhéran. Panahi prend le pouls de la ville,
la décrit sous toutes ses coutures et décèle les mutations
qui y sont à l’œuvre.
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