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Sang et or (c) D.R. SANG ET OR
de Jafar Panahi
Par Julien DUFOUR


SYNOPSIS : L’Iran de nos jours. Hussein est livreur de pizzas à Téhéran, mais ne manifeste guère d’enthousiasme à l’égard de ce métier. Las de cette vie routinière, un jour, avec l’aide d’un collègue de travail, il entreprend de braquer une bijouterie très chic d’un quartier de Téhéran.

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POINT DE VUE

  Sang et or (c) D.R.

Sang et or commence par la scène du braquage. Sans afféterie, avec une rigueur dans le cadre,  Jafar Panahi, le metteur en scène, enregistre la scène. Hussein menace de tuer sur le champ le bijoutier s’il ne lui ouvre pas le coffre contenant les bijoux de valeur. Dans la peur, le bijoutier parvient à sonner l’alarme qui actionne la grille de sécurité. Hussein est emprisonné à l’intérieur et la police ne va pas tarder à arriver sur les lieux. Le désespoir envahit Hussein et décide d’abattre le bijoutier avant de se donner la mort. Dans le plan on distingue une symétrie. Sur les côtés une profonde obscurité tandis qu’au centre du cadre on voit l’entrée de la bijouterie par laquelle la lumière du jour perce. Toute l’architecture du plan (non sans rappeler celle de Kubrick) ne pouvait que pousser Hussein à se donner la mort. Implacable, inévitable, le destin de Hussein était scellé d’avance dont la grille se refermant sur lui apparaît comme une métaphore.

L’effroi étreint le spectateur. L’incompréhension domine. Il s’agit désormais de comprendre pourquoi et comment Hussein a décidé de braquer une bijouterie. C’est ce à quoi le reste du film est consacré en opérant un retour en arrière. A la base le scénario est signé Abbas Kiarostami, figure majeure et incontournable du cinéma iranien, dont l’idée vient d’un fait divers. C’est finalement Jafar Panahi qui hérite du projet. Sang et or confirme une fois de plus l’intérêt que porte Panahi à la société iranienne. Alors que son précédent long-métrage Le Cercle évoquait la dure condition des femmes en Iran, Sang et or s’attache à décrire la ville de Téhéran. Panahi prend le pouls de la ville, la décrit sous toutes ses coutures et décèle les mutations qui y sont à l’œuvre.