ENTRE GRIS CLAIR ET GRIS FONCE

John Boorman est un réalisateur important. Sa filmographie parle pour lui : Excalibur, La Forêt d'Emeraude, Rangoon... Ces derniers temps, le réalisateur britannique enchaînait même les réussites. The General et The Taylor of Panama, ces deux dernières œuvres en date, sont de très bonne facture, parmi les films les plus intéressants de cette dernière décennie. Autant de raisons qui faisaient de sa nouvelle création un évènement attendu avec une légère impatience.

D'autant que le sujet traité est passionnant. Ceux qui ont eu l'occasion de voir ou d'apercevoir, au détour d'un reportage d'Arte par exemple, des extraits non fictifs de ces auditions de policiers, de propriétaires terriens, d'hommes et de femmes du peuple menées d'une main de maître par le cardinal justement nobellisé Desmond Tutu n'en sont pas sorties tout à fait indemnes. Toute cette mémoire verbalisée, toute cette fierté retrouvée, toute cette monstruosité dévoilée... Le spectateur de ces interrogatoires télévisés ne peut être que choqué par un déballage public d'une telle intensité émotionnelle.