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Country of my skull (c) D.R.

D'autant également que le casting constitué est alléchant. Le choc Samuel L. Jackson/Juliette Binoche émoustille à l'avance. Une sorte de climax culturel entre le jeu physique de l'acteur de Shaft et l'interprétation tout en délicatesse qui fait la marque de fabrique de notre compatriote oscarisée. Et comme arbitre de ce match au sommet, Brendan Gleeson, master ès second rôle (Gangs of New York, Retour à Cold Mountain...). L'acteur irlandais qui a déjà tourné avec John Boorman pour The Taylor of Panama et surtout pour The General - rôle qui lui a rapporté de multiples prix d'interprétation - s'est vu attribuer le rôle du méchant, du colonel De Jager, un défenseur de l'apartheid qui a joué au tortionnaire durant ces années où il ne fallait pas bon être noir de peau.

Malheureusement, Country of my skull ne répond pas du tout aux attentes. Le scénario de Ann Peacock est nul. Passe du coq à l'âne. Multiplie les scènes d'auditions selon un schéma affreusement répétitif : les victimes racontent leur calvaire avec force cris et pleurs, les policiers s'excusent en baissant les yeux ou bien refusent de reconnaître leurs torts, Anne (Juliette Binoche) n'arrive pas à supporter tant d'émotion et se met à pleurer elle aussi, Langston (Samuel L. Jackson) tente de la réconforter. Nous donne en pâture un méchant de roman de gare. Nous livre une histoire d'amour entre Anne et Langston - et bien oui à force de s'échanger des Kleenex ça rapproche - qui se termine sur une morale étrange : en gros les auditions poussent Anne à avouer son adultère à son mari car la vérité, c'est sacré. Amen. Crée enfin un conflit familial avec le frère d'Anne qui se révèle - pas longtemps car le frangin en question se suicide dix secondes après l'annonce du rebondissement - être un bourreau, un de ceux qui a torturé les méchants noirs.

  Country of my skull (c) D.R.

Dans la débâcle, Juliette Binoche et Samuel L. Jackson font ce qu'ils peuvent. Mais que peut-on face à l'idiotie d'un script ? À signaler tout de même que l'actrice française est d'un naturel confondant. Dans un bon film, elle aurait été phénoménale. Et puis, autre point positif, la photographie de Seamus Deasy revêt un aspect original. De nos jours, les directeurs photo fournissent à peu près le même rendu. Des couleurs délavées à la Seven, des teintes tournant toujours autour du marron cendré et du bleu mouillé. Pour Country of my skull, la lumière est différente, très réaliste, presque télévisuelle, incluant le récit dans un cadre naturaliste. La lumière fait penser à celle des reportages animaliers. Elle souligne sans styliser une caractéristique de l'Afrique australe : cette lumière rasante embrasant le paysage et le colorant de teintes hallucinantes, rougeâtres ou orangées.

Mais les qualités s'arrêtent là. John Boorman passe totalement à côté de son sujet. De manière surprenante d'ailleurs, car même s'il a réussi des films plus que d'autres, il était presque toujours arrivé à sauver les meubles. Ici, il sombre en beauté. Rien de bien grave. L'intention était bonne, le propos n'est pas honteux. Mais le résultat est raté. Comme quoi même les plus grands peuvent se planter dans les grandes largeurs. Ça arrive, c'est assez désagréable pour le spectateur, cependant, compte tenu du plaisir ressenti devant ses autres productions, on peut lui accorder le droit à l'erreur. Espérons juste que son prochain film soit de meilleure facture.



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Titre
: Country of my skull
Réalisation : John Boorman
Acteurs : Samuel L. Jackson, Juliette Binoche, Brendan Gleeson, Menzi "Ngubs" Ngubane, Sam Ngakane
Directeur de la photographie : Seamus Deasy
Scénario : Ann Peacock
Décors : Emelia Roux-Weaving
Costume : Jo Katzaras
Montage : Ron Davis
Production : Mike Medavoy (Phoenix Pictures), Kieran Corrigan (Merlin Films), Lynn Hendee (Chartoff Productions)
Co-production : David Wicht (Film Afrika Worldwide), Mfundi Michael Scott Vundla