Cette légère surcharge dramatique
peut surprendre de la part d’un cinéaste qui, depuis ses
débuts, n’a jamais posé un regard ne serait-ce qu’un iota
tendre sur les bipèdes. Plus intensément que d’habitude,
il se joue de ses propres conventions : dans la description
de ces losers attachants et au grand cœur, De la Iglesia
laisse éclater une humanité qu’on ne lui connaissait trop
peu (revoir son émouvant Perdita Durango pour s’en
convaincre), en même temps qu’il semble ranger son impertinence
au placard, le temps de quelques bobines. Aux premiers abords,
ce constat échaude. Mais les premières minutes finissent
par ensevelir le doute : le cinéaste n’a rien perdu de son
humour corrosif.
Loin de l’exubérance cynique de Mes Chers Voisins
et du Jour de la bête, 800 Balles joue simplement
dans un autre registre : celui de l’émotion et de l’innocence
ou plutôt de sa perte, à travers le parcours initiatique
d’un gamin, véritable ossature de l’histoire, qui découvre
la vie sous ses bons (magnifique dépucelage par une putain)
et mauvais côtés (désillusions diverses, obligation de céder
aux compromis de la vie de tous les jours). Plus qu’aux
westerns, 800 Balles rend surtout hommage aux marginaux,
à ceux qui, loin des contingences sociales, ont eu le courage
de vivre leur passion et d’aller jusqu’au bout de leurs
rêves ; à ceux qui se sont battus opiniâtrement contre
les cons... Il n’y a pas de larmes de crocodile, sauf à
la fin, émouvante, où sonne la revanche des vrais, des humbles,
des vieux enfants.
Titre : 800 Balles Réalisateur : Alex
de la Iglesia Scénaristes : Alex
de la Iglesia, Jorge Guerricaechevarria Acteurs : Sancho Gracia,
Angel de Andres Lopez, Carmen Maura, Terele Pavez Compositeur : Roque
Banos Directeur de la photographie :
Flavio Martinez Labiano Producteur associé :
Maria Angulo Production : Panico
Films Distribution :
CTV International