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Dans les deux films, les héroïnes doivent surmonter différents
obstacles qui se dressent devant elle. Dans les deux films,
elles commencent au plus bas de l'échelle - elles travaillent
toutes les deux comme ménagères - pour finir par être respectées
de leurs semblables et aimées d'un jeune homme. Miyazaki
filme donc le déchirement que constitue le renoncement à
l'enfance, à la sécurité qui caractérise ce premier âge
de la vie. Mais il ne le filme pas comme une fin, plutôt
comme un début.
Ses scénarios décrivent une émancipation douloureuse, difficile,
qui passe nécessairement par l'effort. Chez lui, la notion
de destin n'existe pas. C'est l'individu qui doit construire
son bonheur. Et non le hasard. Et cette construction ne
peut être que personnelle. Très vite, il élimine ainsi les
parents pour bien marquer la rupture. Mais tout aussi vite
Kiki rencontre toute une série de personnages - une jeune
peintre, une vieille dame et une boulangère - qui lui serviront
de jalons. Rappelant que si la maturité est un processus
individuel, elle ne peut s'acquérir que par la confrontation
avec autrui et l'imitation de modèles.
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Il y a aussi dans Kiki cette
passion de l'aviation qui structure l'œuvre de Miyazaki.
Un avion de chasse qui sillonne le ciel, un dirigeable servant
de principal élément de suspense, une hélice transformant
un vélo en machine semi-volante... Tous ces éléments liés
à la technique, à la mécanique en rappellent d'autres. Par
exemple, le désir du héros du Château dans le ciel
de réaliser les rêves inaboutis de son père aviateur ou
la passion du vol chez le personnage principal de Porco
Rosso.
Et il y a enfin ce goût pour
la nature, pour les animaux. Le chat de Kiki qui communique
avec un chien pour se sortir d'une mauvaise passe. Les corneilles
qui défendent leurs progénitures avec férocité. Les vaches
qui broutent de la paille dans le train qui emmène Kiki
vers sa ville d'adoption. Les oies qui avertissent Kiki
d'un brusque changement de vent. Miyazaki pose les bases
d'un dialogue avec la nature dont Princesse Monoké
sera le paroxysme.
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On voit bien que Kiki la
petite sorcière - l'un des premiers films de Miyazaki
- contient tout ce qui va faire par la suite le charme si
particulier et si dense de son œuvre. Mais dans ce film
des débuts la magie ne prend pas vraiment. Du fait surtout
d'un scénario assez limité. Pendant la majeure partie du
film, il ne se passe pas grand-chose. L'enjeu est mince
: Kiki se contente de transporter des colis d'un point à
un autre sans que les aventures rencontrées soient transcendantes.