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Andy Goldsworthy est resté un enfant.
Il continue de faire ce que les adultes ne s'autorisent
plus. Ses sculptures sont comme les châteaux que l'on a
tous construits sur les plages de nos vacances, comme ces
cours d'eau dont on a dévié le cours avec quelques amis.
Elles ne durent pas, n'ont aucune utilité en soi. Andy Goldsworthy
transforme ces occupations d'enfant en art. Il répète sans
cesse vouloir comprendre la pierre. Pour cela, il tente
des expériences, s'en sert dans la constitution de formes
toujours plus complexes. Ces tentatives se soldent parfois
par des échecs. Une pierre en déséquilibre et l'édifice
s'effondre, un coup de vent malencontreux et une structure
de brindilles élaborée avec patience se désagrège.
Ces instants sont les plus parlants du film. Ils montrent
le désintéressement d'un artiste qui ne fige ses œuvres
que sur photo, mais aussi sa folie toute humaine. Avec obstination,
il se remet sans cesse à sa tâche refusant de renoncer pour
apprendre de ses erreurs, pour améliorer sa compréhension
de la nature. Le lien de cet Écossais un peu dérangé avec
les éléments est captivant. Ses mains altérées par des contacts
plutôt rudes avec des températures et des conditions climatiques
extrêmes, ses doigts couverts de pansements pour recouvrir
des blessures en série, tous ces détails soigneusement montrés
par une caméra dirigée avec dextérité dessinent le portrait
d'un sculpteur atypique loin de l'art contemporain et de
son côté bourgeois rebelle.
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Andy Goldsworthy revient à l'essence
de l'art, à ce qui a poussé nos ancêtres à peinturlurer
les murs de leurs cavernes. Il joue avec la nature, la respecte,
l'honore, la malaxe comme d'autres s'acharnent sur de la
glaise. Il transforme un cours d'eau en rivière de sang
grâce à une petite pierre écrasée, il construit des menhirs
en pierre ou en bois destinées à disparaître dans la mer
ou dans les hautes herbes. Thomas Riedelsheimer a réussi
un documentaire magnifique, qui place dans un cadre populaire
et accessible ce dont on écarte généralement les masses
pour le réserver à des spécialistes. Rivers and Tides
est un film ambitieux, et a le niveau de ses prétentions.
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Titre : Rivers
and Tide
Réalisation
: Thomas Riedelsheimer
Scénario :
Thomas Riedelsheimer
Direction de la photographie
: Thomas Riedelsheimer
Montage
: Thomas Riedelsheimer
Musique
: Fred Frith
Production
: Trevor Davies, Leslie HillsAnnedore, von Donop
Compagnies de production
: Mediopolis Film- und Fernsehproduktion GmbH,
Skyline Productions Ltd, WDR/Arte, YLE - The Finish
Broadcasting Company
Prix :
Deustcher Filmpreis 2003, catégorie documentaires
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