SYNOPSIS :
Un vieux quartier de la ville de Sara au Japon dans la famille
Aso parmi laquelle se trouvent deux frères jumeaux, Kei et Shun
d’environs 12 ans. Le jour de la fête du dieu Jizo cette famille
va connaître un drame. Un des deux frères va disparaître. Cinq
ans plus tard Shun, l’autre frère, n’a toujours pas oublié ce
tragique événement. |
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POINT DE VUE
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Shara,
le nouveau long-métrage de Naomi Kawase, diffuse une atmosphère
tout à fait singulière et étrange, parfois déstabilisante.
Le début du film dévoile au spectateur la scène du drame
initial : la disparition de Kei. La caméra tournoie,
puis cherche à retrouver d’où proviennent les sons de voix
que le spectateur entend. Il s’agit de Shun et Kei qui sous
la lumière d’une blancheur à la fois laiteuse et aveuglante
nous renvoie une image chimérique, presque édénique. Déjà
les deux enfants semblent tout droit sortis d’un paradis.
Puis la scène se poursuit quand Kei décide de partir courir
dans la rue. Shun le suit, et la caméra aussi, comme s’il
s’agissait d’une tierce personne en plan subjectif. Puis
tout s’arrête, Shun a perdu de vue Kei qu’il ne retrouvera
plus jamais. La mise en scène fait preuve d’économie dans
ses effets. Apparaît alors un long fondu au noir.
Cinq années sont donc passées. On aurait pu s’attendre à
voir là une famille accablée, toujours en train de pleurer
la disparition de son enfant, avec tous les effets larmoyants
que cela comporte, mais le film de Naomi Kawase prend le
spectateur à rebrousse-poil. Pis encore, à aucun moment
il n’est question de mort. Pourtant le mérite de ce film
est de justement traquer l’absence du fils pour les parents,
du frère pour Shun sans jamais l’exprimer de manière explicite
la plus grande partie du temps. Ainsi par moments la caméra
suit les trajets à pied ou à mobylette de Shun et Yu, son
ami d’enfance, en les filmant de dos. Impossible de ne pas
songer à la poursuite du début du film qui mettait en scène
les deux frères. La douleur est invisible mais très probablement
présente, sourde mais latente.
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