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Svjedoci (c) D.R. FESTIVAL DE BERLIN 2004
Compétition officielle

SVJEDOCI

de Vinko Bresan
Par Nicolas JOURNET


SYNOPSIS : Yougoslavie. En plein conflit serbo-croate, dans une petite ville croate non loin du front. Un habitant serbe est assassiné par des militaires croates. La police mène l'enquête. Les meutriers se terrent chez leur mère. Chacun a sa propre perception du meurtre.

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QUESTION DE POINT DE VUE

  Svjedoci (c) D.R.

Pour représenter sur grand écran un conflit armé, une guerre civile qui plus est, seuls des cinéastes originaires du pays concerné arrivent à saisir la réalité des évènements. Le cas de l'Ex-Yougoslavie est exemplaire. Peu de films évoquent le sujet, mais ce peu permet de cerner les différences de traitement suivant que l'on ait vécu le conflit ou non. Dans Harrison's Flowers - qui est un bon film -, Elie Chouraquie inscrit son histoire dans cette énième guerre des Balkans, mais l'inscrit selon un point de vue disons occidental. Chouraqui suit le cheminement de la femme d'un journaliste anglo-saxon disparu sur le champ de bataille. Les personnages principaux sont des journalistes de l'Ouest, anglais ou américains, tandis que les autochtones civils comme belligérants ne dépassent pas le stade de figurants. Si l'on prend Warriors, la célèbre fiction télévisuelle britannique, on retrouve le même positionnement. Cette fois, les scénaristes suivent des soldats de l'ONU, des Anglais.

Ces deux démarches - celle d'Harrison's Flowers et de Warriors - sont d'une grande justesse. Il n'y a pas la prétention de comprendre les raisons qui ont poussé des populations à s'envoyer des obus dans la tronche alors qu'elles cohabitaient depuis des décennies. Les deux films se tiennent à distance du conflit en lui-même. Tel fut le traitement cinématographique de la guerre en Ex-Yougoslavie vue par des cinéastes étrangers. Enfin en ce qui concerne la fiction, car il existe aussi le magnifique documentaire Yougoslavie : suicide d'une nation qui, lui, fouille de manière chirurgicale l'enchaînement des causes qui ont mené à l'horreur. Mais si l'on s'en tient à la fiction pure et dure les films d'Europe de l'Ouest ou des États-Unis s'en tiennent à suivre à une position de retrait. Avec plus ou moins de manichéisme, comme ont pu le montrer plusieurs films d'actions américains (En territoire ennemi, etc.) qui en manque de conflit armé dépaysant plaçaient leur récit en Ex-Yougoslavie.