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En parlant d'acteurs moyens, à noter
la faible prestation de Vincent Deniard dans le rôle de
l'inconnu. Monolithique, mono-expressif, le comédien n'est
pas très crédible. Il suscite même difficilement l'angoisse
alors qu'il s'agit quasiment de sa seule fonction. Cédric
Kahn s'est fait une réputation de découvreur de talents
: Sophie Guillemin dans L'Ennui, Stefano Cassetti
dans Roberto Succo. Et bien là, il a quelque peu
failli dans son choix. Ou bien faut-il tourner son regard
vers la fin du casting ? Vers Charline Paul en serveuse
de bar et surtout Jean-Pierre Gos, remarquable inspecteur
de police.
Résumons. Le scénario, très bon. Les acteurs, de même. La
réalisation ? Idem. Cédric Kahn a fait des routes son décor.
Il filme des lignes blanches si faciles à franchir, des
phares blancs si prompts à éblouir, des phares rouges inquiétants
points de repère dans la nuit noire. Il met également en
scène accidents et autres pannes sur le bord des routes
empruntées par Antoine. Dans ces périodes où l'insécurité
routière est considérée comme un fléau national, le tableau
est on ne peut plus d'actualité. Mais le propos devrait
déplaire aux défenseurs du conduire correct : Antoine dépasse
très vite et très largement les 0,5 g autorisés.
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Outre ce décor routier, Cédric Kahn
réussit à graduer sa tension. Cela commence doucement, calmement.
À un des arrêts whisky d'Antoine, Hélène disparaît de la
voiture laissant un mot annonçant qu'elle ne supporte plus
son comportement et qu'elle va choisir un autre moyen de
transport. Dès cet instant, le climat de la salle se refroidit.
Étant venu pour assister à un film noir, cette disparition
pourrait très bien être d'une tout autre nature. Et puis
survient l'évadé. On avait déjà entendu parler de lui auparavant
par des flashs radio - ah les flash radios s'ils n'existaient
pas combien de scénarios seraient morts nés -, mais soudain
un inconnu se présente à Antoine et l'on sait que c'est
lui le grand méchant loup.
Ensuite, le duo sillonne les routes nationales. Cédric Kahn
filme toujours aussi bien les barrages routiers. Dans Roberto
Succo aussi, il donnait à cet élément classique du polar
une nervosité très maîtrisée. Et enfin Antoine et l'inconnu
terminent leurs préliminaires au fond d'un bois dans une
lutte dans lequel l'évadé en sortira perdant - dans cette
scène Jean-Pierre Darroussin fout franchement les chocottes.
Mais encore jusque-là tout était certes agréable mais quand
même bien balisé, avec une solidité certaine, mais sans
grande originalité. Et puis vient la scène, avec un grand
S. Un moment de cinéma comme on aimerait en voir plus souvent.