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Feux rouges (c) D.R.

Non seulement les auteurs restent fidèles à l'œuvre de Simenon, mais ils sont arrivés - exercice extrêmement difficile s'il en est - à la moderniser, à la transposer jusque ce qu'il faut dans notre époque pour éviter tout côté ringard. Les personnages principaux sont proches de nous, de notre époque. Et en même temps totalement intemporels comme dans tous les bons polars. Mais aussi bon soit-il le scénario n'est qu'une des nombreuses causes qui font de Feux rouges un film plus que réussi.

Les acteurs y sont pour beaucoup. Carole Bouquet est parfaite. Parfois, certaines de ses prestations laissent dubitatifs. Sa voix et son port trop aristocratiques la mettent hors de son personnage. Alors que le propre des grands acteurs est de se fondre du moins en partie dans leur rôle, Carole Bouquet a tendance à rester Carole Bouquet. Elle a du mal à effacer son image glacée, sa froideur quelque peu désincarnée pour se jeter à corps perdu dans la peau d'une autre fictive. D'où l'absence de grands rôles à mettre à son actif. Un petit coup d'œil jeté à sa filmographie suffit à saisir ses faiblesses. Et pourtant, depuis quelques années, la comédienne essaie de se diversifier.

  Feux rouges (c) D.R.

Dans Blanche, elle s'est attaquée à son image trop lisse avec pas mal de réussite, même si c'était dans une outrance qu'on ne lui demandait pas non plus. Mais, quelques mois plus tard, c'est dans Embrassez qui vous voudrez qu'elle donnait sa pleine mesure, dans un rôle qui lui convenait totalement. C'est sur cette lancée qu'elle compose le personnage d'Hélène. En termes de durée, elle est peu présente, mais son regard trahit enfin des sentiments. Il y a une blessure dans ce visage aux traits presque trop parfaits qui saisit le spectateur. Elle suscite immédiatement l'empathie, arrivant à glisser derrière les abords de la réussite la sensation qu'elle était déjà victime dans sa tête avant de le devenir dans son corps.

Dans le rôle d'Antoine, Jean-Pierre Darroussin est quant à lui plus que parfait. Il évolue entre les registres avec une facilité déconcertante. Tantôt comique, tantôt tragique, tantôt - et c'est la première fois qu'on le voit dans cet état au cinéma - d'une violence inouïe. Sa prestation est assez indescriptible. Un petit côté Bacri dans la détestation générale de son environnement, un petit côté Pierrot à cause d'un visage lunaire et de ce dos voûté par le poids de la vie. Quoi qu’il en soit, Jean-Pierre Darroussin est un extraordinaire acteur. Un de ceux qui vous donnent envie d'aller voir un film uniquement sur leur nom. Parce qu'au fil des années, au fil des longs-métrages, on a bien compris qu'il ne choisissait pas ses rôles par hasard, qu'à chaque fois cet homme arrive à nous toucher en plein cœur, un endroit que n'atteindront jamais nombreux de ses collègues.