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Tout peut arriver aborde
une problématique originale : l'amour chez les personnes
d'un certain âge, la passion après la ménopause. On est
loin des bluettes pour adolescentes en moiteur où le beau
brun un peu canaille met du temps à avouer sa flamme à une
top-model aux formes généreuses. Jack Nicholson et Diane
Keaton ne sont pas les vieux les plus moches que l'on puisse
rencontrer, mais leurs corps n'ont plus le tracé harmonieux
qu'ils pouvaient avoir par le passé. Et voir une paire de
fesses ridées au détour d'un couloir d'hôpital change du
galbe ferme que nous offre en pâture le trois quart des
productions hollywoodiennes.
Et d'ailleurs, le fait que le personnage d'Harry délaisse
Marin - Amanda Peet bombe anatomique par excellence, mais
aussi relativement bonne actrice - pour sa mère Érica -
Diane Keaton ou le sourire qui tue - est assez surprenant.
Un peu sexuellement correct certes : les sexagénaires doivent
copuler avec des sexagénaires. Mais quand même pas très
tendance quand la jeunesse est perçue par des sociétés entières
comme la panacée absolue. D'où liftings et autres ravalements
de façade à pleine seringue de Botox.
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Nancy Meyers réussit à pousser son
histoire jusqu'à son terme. Dans Ce que veulent les
femmes, le scénario était balisé, construit en étapes
pour arriver à la déclaration d'amour nocturne. Dans Tout
peut arriver, le schéma est moins bateau. En s'accordant
du temps - deux heures pour une comédie sentimentale c'est
plutôt inhabituel -, la réalisatrice creuse son sujet. En
étirant la durée, elle arrive assez bien à retranscrire
les aléas d'une relation. Le grand amour se construit rarement
en un jour. Rêve universel, le coup de foudre a plutôt des
allures de mirage collectif. Les deux heures du film permettent
donc de développer la relation qui unit Érica à Harry, de
montrer les périodes fusionnels comme les crises, bref d'éviter
la trop grande mièvrerie pour dresser le portrait d'un couple
crédible.
Débutant de manière catastrophique - une réalisation de
qualité télévisuelle avec lumière de soap opéra et dialogues
de sitcom, Tout peut arriver triomphe sur la durée.
On peut préférer Love Actually, mais le film de Nancy
Meyers se place sans trop de difficulté dans les réussites
du genre. Il faut dire que la comédie sentimentale est entachée
d'une série de nanars assez phénoménale et qu'une petite
hausse de niveau surprend toujours. À noter pour finir et
flatter un peu l'orgueil national que Tout peut arriver
contient une bonne dose de francophilie : Érica parle français,
les deux amants vont se retrouver à Paris, etc. Surprenant
pour un film américain. Même si on tombe bien vite dans
les clichés : contrairement à ce que semblent croire la
scénariste et le chef décorateur la Tour Eiffel n'est pas
collée à l'Hôtel Crillon !
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Titre
: Tout peut arriver
Réalisateur
: Nancy Meyers
Scénario
: Nancy Meyers
Acteurs
: Jack Nicholson, Diane Keaton, Amanda Peet, Keanu
Reeves
Compositeur
: Alan Silvestri
Directeur de la photographie
: Michael Balhaus
Costume
: Suzanne McCabe
Chef décorateur :
Jon Hutman
Chef monteur
: Joe Hutshing
Producteurs
: Nancy Meyers, Bruce A. Block
Production
: Columbia Pictures
Distribution
: Warner Bros. France
Sortie :
4 février 2004
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