Les grands films de science-fiction
reposent sur une idée simple, résumable en deux phrases.
Dans Blade Runner, des humanoïdes utilisés pour les
tâches les plus pénibles, les Réplicants, réclament leur
liberté. Pour les distinguer des humains, un seul moyen
: un test visuel. Dans Minority Report, la société
veut vivre en toute sécurité. Pour résoudre le problème,
un système de prévision des crimes ultra-perfectionné :
trois voyants plongés dans un coma artificiel, Tom Cruise
tripotant un écran, et Sarkozy peut dormir tranquille. Dans
Bienvenue à Gattaca, seuls les individus les plus
sains peuvent accéder aux métiers les plus gratifiants,
en l'occurrence le programme d'exploration spatial. Pour
empêcher toute intrusion de tarés génétiques dans ce si
eugénique système : des batteries de tests A.D.N à tous
les couloirs.
On voit combien la base de ces films est directe. Il suffit
de quelques minutes pour poser le cadre, de quelques plans
pour installer les enjeux. Pour The Final Cut, tel
n'est pas le cas. Le scénario est embrouillé, on en perçoit
mal l'intérêt, on en discerne mal la finalité. Parfois,
on touche du doigt un thème intéressant, mais c'est pour
mieux s'en éloigner quelques instants plus tard. Selon sa
note d'intention, Omar Naïm voulait construire une réflexion
sur la mémoire en se basant sur son personnage principal.
Alan Hackman se croit responsable de la mort dans sa jeunesse
d'un de ses camarades de jeu. Il va donc finir par considérer
l'implant dont il est doté - c'est pourtant une interdiction
signifiée aux cutters, on retrouve donc ici un héros très
S.F. puisque hors-la-loi, rebelle au système - comme d'un
efficace moyen de psychanalyse technologique.
Omar Naïm voulait aussi faire de
The Final Cut une réflexion sur le cinéma, sur le
montage. Son personnage de cutter devait faire s'interroger
le spectateur sur la personnalité de ces coupeurs d'histoire.
Mais toutes ces intentions peut-être bonnes au départ ne
se réalisent jamais devant nos yeux. Omar Naïm multiplie
les angles d'attaque sans parvenir à cerner quel est véritablement
son propos. D'où l'impression de regarder une suite de séquences
sans lien les unes avec les autres.
Les acteurs ne rattrapent pas vraiment l'affaire : Robin
Williams se répète un peu dans le registre du schyzopathe
froid comme la mort - il est en train de s'enfermer dans
un deuxième genre après s'être vautré dans les comédies
de seconde zone -, Mira Sorvino se contente du minimum et
Jim Cazievel est ridicule avec sa barbe postiche d'occasion.
La réalisation n'arrange rien non plus : les plans sont
académiques, ceux d'un élève studieux qui aurait bien appris
sa leçon mais aurait oublié de la comprendre. Bref, cette
tentative S.F. plutôt originale sur le papier échoue totalement
une fois mise sur pellicule. Chaque année, on nous promet
un grand film de science-fiction. Ce sera Matrix,
ce sera Minority Report, nous dit-on. Et bien, à
part le très correct Bienvenue à Gattaca ou l'intéressant
Dark City, on attend toujours le successeur de Brazil
ou de Blade Runner.
Titre
: The Final Cut Réalisateur :
Omar Naïm Scénariste
: Omar Naïm Acteurs
: Robin Williams, Mira Sorvino, Jim Cazievel,
Mimi Kuzyk, Thom Bishops Casting
: Lynne Carrow, Susan Brouse, Sheila Jaffe, Georgianne
Walken Directeur de la photographie
: Tak Fujimoto, A.S.C Décor
: James Chinlund Montage
: Dede Allen, A.C.E, Robert Brakey Musique
: Brian Tyler Costume
: Monique Prudhomme Producteur
: Nick Wechsler Producteurs exécutifs
: Nancy Paloian-Breznikar, Marco Mehlitz, Michael
Ohoven, Marc Butan, Michael Burns, Michael Paseornek,
Guymon Casady Co-producteurs
: Eberhard Kayser, William Vince Studios :
Lions Gate Films Durée :
1h45 Langue :
Anglais Pays :
USA