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Référence explicite s’il en est,
Tarantino va encore plus loin quand il remercie dans son
générique de fin tous les acteurs et réalisateurs importants
du western-spaghetti parmi lesquels on peut retrouver des
noms aussi célèbres que Charles Bronson, Sergio Corbucci,
Eli Wallach ou encore Sergio Leone, l’icône suprême. L’influence
est plus que présente. Non seulement la musique d’Ennio
Morricone règne sur la quasi-totalité du film, mais Tarantino
truffe son film de gros plans (sur les yeux, les pieds)
et ses personnages sont aussi crapuleux que les gangsters
d’un film de Sergio Leone. Opération de démythification
de l’Ouest comme l’avait fait ce dernier. Les plans d’ensemble
sont rares, la caméra étant constamment ramenée sur les
protagonistes. Tarantino a brillamment assimilé le genre.
Les grands espaces ne sont plus les paysages sublimes de
l’Ouest qui nous ont fait rêver dans les westerns américains
de Raoul Walsh ou Anthony Mann. Même lorsque Tarantino filme
le désert qui entoure la caravane de Budd (Michael Madsen),
il s’empresse de resserrer l’action à l’intérieur même de
cette caravane (où se règleront les comptes, et non à l’extérieur)
plantée en plein milieu de ce décor abandonné.
Du point de vue des règlements de comptes, on est effectivement
bien servis. Empruntant toujours le sentier du western-spaghetti,
Tarantino filme des individus poursuivant des objectifs
différents ou opposés (on connaît celui de La Mariée mais
pas de ses ennemis). Se révèlent alors des personnalités
vicieuses ne laissant pour ainsi dire aucune place à la
loyauté, valeur oubliée depuis bien longtemps. La figure
du héros n’existe plus, si bien que Bill vers la fin du
film dit à la vengeresse qu’elle n’est qu’une machine à
tuer et qu’elle le sera toute sa vie. Bill prend d’ailleurs
un exemple, qui au premier abord semble assez anodin, mais
qui par la suite va prendre toute son ampleur. Il s’agit
de Superman. Bill explique que Superman est né Superman
et qu’il était déjà un héros, il ne l’a pas décidé. Batman
ou Spiderman ne sont pas de véritables héros puisqu’ils
n’ont aucun pouvoir. Batman est la couverture de Bruce Wayne,
Spiderman celle de Peter Parker, tandis que Clark Kent est
la couverture de Superman. Judicieuse analyse sur la définition
de ce qu’est un héros.
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Obéissant exactement aux mêmes règles
que dans le premier volet, Kill Bill vol 2 se divise
en chapitres. Malgré la linéarité du chemin que poursuit
La Mariée, Tarantino chamboule complètement la narration
de son film et insère des flash-back inopportuns en premier
lieu coupant brutalement une séquence à l’acmé de sa tension
dramatique pour passer à un autre chapitre, mais qui se
révèlera en fin de compte utile à la compréhension du chapitre
précédent quant à son issue. En dépit de ces méandres scénaristiques,
le film est d’une fluidité et d’une souplesse inouïes. Tout
comme Leone, Corbucci ou Fulci, Tarantino interroge la forme
en tant que telle afin de montrer son incapacité à supporter
une quelconque vérité (à tel point que Bill a conçu un sérum
de vérité, contrepoint métaphorique). Tout est construction,
ce qui, de fait, renvoie aux oubliettes le débat sur la
violence (dans ce film du moins) et montre au final que
les images ne sont que des images.