Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Mercano le martien

Fort du succès de ces petits films au héros si atypique, le cinéaste lance son premier long métrage et réussit un vrai exploit : créer un film d’animation argentin indépendant avec seulement 200 000 euros de budget.

Malgré une introduction laborieuse pendant les premières minutes, le film démarre ensuite en trombe à un rythme qui devient de plus en plus frénétique. Avec un style minimaliste et un graphisme qui oscille entre la BD, le manga et le cartoon on sent que ce n’est pas la beauté du trait qui passionne son réalisateur mais plutôt l’envie de croquer le portrait de personnages truculents et délivrer des messages éthiques et politiques. Un cinéaste engagé comme on en voit peu dans le cinéma d’animation et qui n’hésite pas à faire exploser le politiquement correct des productions argentines actuelles.

Tout d’abord, Juan Antin utilise un extraterrestre afin de mieux rendre compte de l’absurdité du monde en prenant un point de vue très éloigné. Mercano se pose ainsi en juge de notre société terrienne qui se présente comme un monde sans pitié au sein duquel Internet est roi et domine les techniques de communication traditionnelles.

  Mercano le martienMercano le martien

Juan Antin fustige sans ménagement les méfaits de la mondialisation à travers l’invasion technologique des foyers, l’inégalité qui se creuse entre riches et pauvres, la corruption et l’incompétence des autorités, la société de consommation qui crée de nouveaux besoins et pousse à consommer toujours plus, le désenchantement des jeunes qui ne pensent qu’à quitter leur pays dans l’espoir d’un avenir meilleur…

Pour autant,  Mercano le martien n’est pas un film sombre mais une comédie subversive et burlesque qui fait souffler un vrai vent de liberté. Principalement, parce qu’il n’a pas eu à subir de délocalisation pour sa fabrication (qui est une vraie entrave à un vrai regard d’auteur sur un long métrage d’animation) et aussi par la relative indépendance de son financement.

Aborder des thématiques si violentes et polémiques dans un film d’animation même aujourd’hui reste très rare. Ce dernier est encore trop cantonné aux sujets conventionnels pouvant toucher un public large si possible familial sans références culturelles à cause de l’exploitation sur le marché mondial. (valable surtout pour les séries TV) Une internationalisation des produits culturels qui tend à un risque d’uniformisation des œuvres auquel échappe avec bonheur Juan Antin.