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Camera de bois

CAMERA DE BOIS
de Ntshaveheni Wa Luruli


Par Nadia MEFLAH


SYNOPSIS
: Au Cap, en Afrique du Sud. Deux adolescents des townships, Madiba (surnom de Nelson Mandela) et Sipho (cadeau en zulu), amis et frères de sang, découvrent un cadavre le long d’une voie ferrée. Sipho, plus entreprenant, le dépouillant de son argent, trouve un revolver et une caméra vidéo. Madiba s’empare hésitant et émerveillé de la caméra tandis que Sipho s’amuse à tirer, s’imaginant déjà gangster. Pour Madiba, sa caméra, cachée dans une boîte en bois, deviendra une arme de vie qui va lui permettre de s’emparer de son monde pour le magnifier, tandis que Sipho s’enfoncera dans une plus grande délinquance, à la tête d’un gang de jeunes trafiquants de drogue qui, la nuit, se prostitue pour la bourgeoisie blanche. Les deux gamins se lient d’amitié avec Estelle, une adolescente révoltée contre sa classe sociale (une riche famille blanche). Un lien d’amour va se nouer entre Madiba, timide enfant à la caméra et cette jeune rebelle plus encline à la musique jazz qu’aux contrepoints de Jean-Sébastien Bach, avec l’appui discret et généreux du professeur de musique, qui fait le lien entre le monde du township et les quartiers chics de la ville. Première génération qui n’a pas connu l’apartheid, ils tentent de nouer un lien fragile, partagés entre la violence de la misère sociale et l’espoir d’un monde nouveau sans préjugés. Jusqu’au drame, qui révèlera à Estelle sa propre origine, tache aveugle que son père a toujours tenté de cacher. Madiba, enfant à la caméra, et Estelle décident alors de s’affranchir de leur famille respective pour créer une nouvelle espérance.

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L’ENFANT A LA CAMERA

Premier regard, enfance du cinéma, enfance de l’art.

  Camera de bois

Lorsque ce film se dévoile, quelque chose de l’intime vibre en chacun de nous, spectateurs de cinéma pour qui cet imaginaire bigger than life, nous est tout aussi essentiel que l’air que nous respirons. Madiba, avec toute la violence poétique de sa jeunesse, rejoint tous les grands cinéastes, de Lumière à Godard, de Chaplin à Rossellini, pour qui le cinéma c’est la vie vingt-quatre images par seconde. Il s’agit, à chaque regard, à chaque geste de cinéma, de capter la vie, d’en tracer sa beauté, et d’enregistrer le réel du monde comme si c’était toujours la première fois. Lorsqu’il s’arrime à sa caméra de bois, véritable extension de sa main, collée à son flanc, tel un homme caméra, Madiba devient un corps enregistreur, un corps capteur du monde, pour qui tout est à regarder. Regarder et sentir ce qui vit. Ce qui est là, sous nous yeux, mais que le social accable. Il y a une véritable redécouverte de son environnement pour tout un chacun lorsque Madiba montre les images captées à sa famille et à ses amis. Il révèle la beauté intrinsèque de l’ici et maintenant, comme Dziga Vertov avec L’homme à la caméra, qui pulsionnait un rythme nouveau au cinéma. Dès lors, il s‘agit à chaque fois d’être à l’origine du monde qui se crée, où le cinéma de l’enfance est toujours celui du premier monde, du premier geste, du premier sentiment amoureux mais aussi de la première perte. Dès lors il s’agira de s’interroger sur ce cinéma qui, s’il nous dit notre enfance, peut aussi nous regarder tels que nous sommes devenus adultes.