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D'un point
de vue scénaristique, ce nouveau volet tire parfaitement
parti des pistes tracées par Spiderman premier du
nom. Les personnages prennent une épaisseur en entrant dans
l'âge adulte, l'âge des choix. Mary Jane refuse d'attendre
un homme hésitant, tout en étant consciente de passer à
côté de quelque chose d'important; Harry sombre dans un
complexe lié à son père et à sa vengeance: il tente de lui
ressembler en sombrant petit à petit dans la schizophrénie
qui caractérisait le bouffon vert. Peter quant à lui est
face à des choix qu'il assume mal et qui le font tomber
dans un doute destructeur. Les sentiments de chacun sont
mis en avant et c'est une véritable analyse de la position
du héros dans la société qui se met en place : poste envié
par la plèbe mais complètement rejeté par l'intéressé, n'y
trouvant pas dans un premier temps la satisfaction de l'accomplissement
de soi. Fatigué de sauver la vie d'inconnus, Peter a peur
de passer à côté de la sienne. Refusant la rengaine « avec
des grands pouvoirs viennent des grandes responsabilités »,
le courage et la bonté font place à une lâcheté et un égoïsme
compréhensible pour l'individu mais regrettable pour la
communauté. La prise de conscience des besoins de Peter
passera par sa franchise avec ses proches et leur éventuelle
compréhension.
La trame « comic » du film passe pour la peine
un peu à la trappe. Et pourtant, là encore, des efforts
énormes ont été consentis. Le reproche que la plupart des
gens avaient fait à Spiderman était le ridicule du déguisement
et du personnage du Bouffon Vert. Avec un sobriquet malheureux
dans la version française, la faute au traducteur de l'époque
du comic book, et avec des scènes assez mal dirigées Willem
Dafoe avait cabotiné dans un rôle ingrat. Le Docteur Octopuss
est par contre une réussite. Si sa genèse et ses activités
néfastes paraissent anecdotiques (les espèces de mini soleils
stabilisés passent mal...), il est comme tous les personnages
tiraillé entre divers desseins, dictés par une schizophrénie
constitutionnelle (ses bras étant dotés d'une volonté propre).
Dans la même veine, les interrogations sur les relations
de Peter avec son Harry Osborn et Mary Jane Watson sont
clarifiées, augurant d'un volume 3 imminent.
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Sam Raimi se
fait plaisir en travaillant sur Spiderman. Il le répète
à qui veut l'entendre dans toutes ses interviews, mais le
fait est que cette joie se ressent sur l'écran. Il n'hésite
pas à réaliser toute une séquence hommage aux films d'horreur
des années 1970 (Sam Raimi s'est fait connaître en réalisant
les 3 volets d'Evil Dead) à grand coups de tronçonneuses
ou à insérer le générique de la série Spiderman chanté par
une mendiante dans la rue. Sans tomber dans la facilité
(malgré quelques ralentis inutiles et pardonnables), Raimi
fait dans l'efficace, mettant le second degré nécessaire
quand il le faut et sachant accélérer quand l'action le
requiert. Il constitue aujourd'hui avec Peter Jackson et
Guillermo Del Toro une génération de réalisateurs partis
de rien, réalisant des films d'horreur ou des films fantastiques
avec des moyens ridicules mais à qui on confie aujourd'hui
des centaines de millions de dollars pour réaliser des films,
certes de studio, mais qui sont de véritables grands films
d'entertainment, en passe de devenir comme Indiana Jones
en son temps ou les Batman de Tim Burton de véritables
jalons dans l'histoire du cinéma américain moderne.
Spiderman 2 va donc au-delà de toutes espérances.
Il s'agit bel et bien d'un grand film d'action, d'une formidable
histoire de super héros (chose rare malgré la très prolifique
production dans cette veine actuellement) et d'une expérience
visuelle euphorisante. Un troisième volet est prévu avec
la même équipe, et c'est tant mieux.
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