Dans ces séquences, Laurent
Labasse fait preuve d'une grande maîtrise de la direction d'acteurs,
de la construction des plans. Les séquences sur l'incontinence
de l'enfant sont filmées sans retenue, mais sans rajouter non
plus au glauque de la situation. Le spectateur est mal à l'aise,
mais il est embarqué dans le récit. Il ne reste pas à l'écart
du film et ne se dit pas que ces moments sont déplacés. Ce qui
aurait très bien pu être le cas avec des scènes aussi délicates
à tourner et à montrer de manière juste.
Malheureusement, par la suite, l'intérêt se fait moindre. Le
film devient plus classique, moins hors norme. Ainsi, le retour
à la maison maternelle est raté, peut-être même inutile. Alors
que les traits étaient jusqu'alors appuyés mais pas forcés,
ils apparaissent plus gras. Le petit ami de la mère - en figure
parallèle de la belle-mère - est superflu. Il altère la force
du récit en reproduisant en mode mineur des rapports bien mieux
cernés auparavant.
Dans son troisième tiers, Dimanche donne donc l'impression
de tourner à vide, à peine le film est-il sauvé in extremis
par un fort joli dernier plan. Au vu de l'ensemble de son film,
il est clair que Laurent Labasse possède un regard, une façon
bien à lui d'aborder les humains à l'écran. Mais il paraît plus
doué dans le huis clos claustrophobique que dans l'ouverture
vers l'extérieur. Lorsque l'enfant sort dans la rue, le souffle
du film se tarit brusquement, pour ne jamais revenir.
À voir donc le travail de Laurent
Labasse dans les années à venir pour confirmer soit les faiblesses,
soit les qualités démontrées dans Dimanche. À voir aussi
ces prochains films pour savoir s'il trouvera des histoires
supportant de bout en bout son ton particulier.