SYNOPSIS :
Hong Kong, 1966. Dans sa petite chambre d’hôtel, Chow Mo Wan,
écrivain en mal d’inspiration, tente de finir un livre de science-fiction
situé en 2046. A travers l’écriture, Chow se souvient des femmes
qui ont traversé son existence solitaire. Passionnées, cérébrales
ou romantiques, elles ont chacune laissé une trace indélébile
dans sa mémoire et nourri son imaginaire. L’une d’entre elles
revient constamment hanter son souvenir : Su Li Zhen, la
seule qu’il ait sans doute aimé. Elle occupait une chambre voisine
de la sienne – la 2046… |
....................................................................
|
POINT DE VUE
|
|
|
|
Cinq ans. Très exactement cinq ans
se sont écoulés entre le premier tour de manivelle et la
sortie de 2046. Cinq ans pendant lesquels le tournage
du film aura connu nombre d’obstacles (épidémie de SRAS,
emploi du temps différent des acteurs) avant d’arriver en
catastrophe au dernier festival de Cannes où Wong Kar Wai
avait déclaré qu’il s’agissait là bel et bien de la version
définitive. Or, entre temps, le film est repassé en salle
de montage afin d’y rajouter certaines scènes et quelques
effets spéciaux ont été affinés. 2046 est un film
au destin incroyable. Sans cesse repoussé, jamais achevé,
Wong Kar Wai ne semble n’avoir jamais voulu s’en séparer
comme son enfant. Enfant accouché dans la douleur. Difficile
de ne pas voir le personnage de Chow interpréter par Tony
Leung dans 2046 comme l’alter ego de Wong Kar Wai.
Tous deux voués à des amours impossibles où la rupture semble
être la seule issue possible. Rupture avec un film d’un
côté, rupture avec une femme de l’autre.
2046 constitue donc une étape supplémentaire dans
la filmographie du metteur en scène asiatique. Jamais Wong
Kar Wai n’avait autant malmené la narration à ce point.
Si In the mood for love était un film qui s’attachait
à suivre uniquement le destin d’un couple sur une période
assez resserrée (en dehors de l’épilogue), 2046,
au contraire fait exploser les conventions en la matière
et se démultiplie à l’infini pour suivre ces trois femmes
qui hantent les songes de Chow. Ainsi passé, présent, futur
se conjuguent dans un même temps. La voix off du début nous
indique bien que Chow va nous raconter une histoire, la
sienne. Chacune des trois femmes incarne un temps. Su Li
Zhen, qui porte le même nom que celle qu’il a aimée jadis,
appartient au passé, Bai Ling symbolise le temps présent
tandis que l’androïde incarne le futur. Trois femmes qui
se voient comme trois fragments qui composeraient son amour
d’antan mais impossible à rassembler comme un diamant brisé,
un souvenir perdu dans les tréfonds de la mémoire.
|