" Simon de la
Brosse, comme Rémi Martin avec qui j’ai également
tourné, sont des acteurs instinctifs. On ne sait jamais
ce qui va se passer en jouant avec eux, c’est stimulant. Mais
cotoyer Simon dans la vie pouvait être dangereux pour
moi, parce qu’il pouvait alors remettre en question le fragile
équilibre que j’ai pour rester en vie. Et je suis plus
près de la vie que de la mort.
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Quand des comédiens
comme Simon ne trouvent pas le déclic pour jouer une
scène, cela peut durer des heures, mais quand ils le
trouvent, alors on s’envole vers des choses extraordinaires
! J’aime beaucoup les choses ratées dans le jeu des
comédiens car elles portent en elles " de
l’humain ". Par exemple, Meryl Streep m’ennuie au
cinéma parce qu’elle a un jeu trop parfait, trop mécanique.
Simon pouvait très bien être nul dans une scène
et génial dans une autre. Parfois, ce qu’il avait à
jouer était pourtant très simple et il n’y arrivait
pas. Je me souviens d’une scène de Travelling Avant
qui se passait dans un couloir : il n’arrivait pas à
la jouer, et moi non plus d’ailleurs... C’était épouvantable
! On a refait la scène un nombre incalculable de fois
!
Simon observait beaucoup la vie autour de lui pour la restituer
dans son jeu, dans les films. Je me rappelle aussi qu’il déclamait
sans cesse des tirades de Corneille, de Racine, de Molière...
Ce n’était pas par pédantisme mais pour tout
simplement utiliser son énergie et pour le plaisir
de jeter des mots. Aimer les mots...c’est aussi ça
être un acteur ! Essayer de faire qu’en une seule fois
le public comprenne ce que l’acteur a mis six mois à
comprendre !
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Quand les gens ne sont pas
comme tout le monde, ça dérange toujours. Quand
Simon avait teint ses cheveux avant le tournage de Travelling
Avant, c’était une façon de dire qu’il avait
tellement peur qu’il aurait voulu que quelqu’un prenne le
rôle à sa place. C’est presque comme s’il voulait
s’entendre dire " je ne vous prends pas pour ce
rôle. ". Bien sûr, c’est un geste qui
peut paraître incompréhensible, mais c’est comme
cette cantatrice qui avant d’entrer en scène, avertit
le public de l’Opéra de Paris qu’elle est malade et
qu’elle ne chantera pas comme d’habitude. Le fait même
de dire cela avant de chanter trahit sa peur...
Pour une scène à deux dans laquelle le téléphone
devait sonner, je demande à ce qu’on entende vraiment
sonner le téléphone, pour pouvoir me concentrer
sur une autre partie du jeu. Quand on imagine une sonnerie
de téléphone, on se concentre aussi sur elle
et on joue différemment et quand on l’entend véritablement
dans la pièce, on n’y pense plus et on joue la scène
plus naturellement. Mais les techniciens ne le comprennent
pas. Il y en a toujours un pour râler à ce moment-là
parce qu’il faut installer un dispositif de sonnerie.
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