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Simon de la Brosse (c) D.R. SIMON DE LA BROSSE
Vu par Ann-Gisel Glass
Propos recueillis
à Paris le 8 juin 1999
Par Bernard PAYEN


" Simon de la Brosse, comme Rémi Martin avec qui j’ai également tourné, sont des acteurs instinctifs. On ne sait jamais ce qui va se passer en jouant avec eux, c’est stimulant. Mais cotoyer Simon dans la vie pouvait être dangereux pour moi, parce qu’il pouvait alors remettre en question le fragile équilibre que j’ai pour rester en vie. Et je suis plus près de la vie que de la mort.

  Travelling Avant (c) D.R.

Quand des comédiens comme Simon ne trouvent pas le déclic pour jouer une scène, cela peut durer des heures, mais quand ils le trouvent, alors on s’envole vers des choses extraordinaires ! J’aime beaucoup les choses ratées dans le jeu des comédiens car elles portent en elles " de l’humain ". Par exemple, Meryl Streep m’ennuie au cinéma parce qu’elle a un jeu trop parfait, trop mécanique. Simon pouvait très bien être nul dans une scène et génial dans une autre. Parfois, ce qu’il avait à jouer était pourtant très simple et il n’y arrivait pas. Je me souviens d’une scène de Travelling Avant qui se passait dans un couloir : il n’arrivait pas à la jouer, et moi non plus d’ailleurs... C’était épouvantable ! On a refait la scène un nombre incalculable de fois !

Simon observait beaucoup la vie autour de lui pour la restituer dans son jeu, dans les films. Je me rappelle aussi qu’il déclamait sans cesse des tirades de Corneille, de Racine, de Molière... Ce n’était pas par pédantisme mais pour tout simplement utiliser son énergie et pour le plaisir de jeter des mots. Aimer les mots...c’est aussi ça être un acteur ! Essayer de faire qu’en une seule fois le public comprenne ce que l’acteur a mis six mois à comprendre !

Simon de la Brosse (c) D.R.

Quand les gens ne sont pas comme tout le monde, ça dérange toujours. Quand Simon avait teint ses cheveux avant le tournage de Travelling Avant, c’était une façon de dire qu’il avait tellement peur qu’il aurait voulu que quelqu’un prenne le rôle à sa place. C’est presque comme s’il voulait s’entendre dire " je ne vous prends pas pour ce rôle. ". Bien sûr, c’est un geste qui peut paraître incompréhensible, mais c’est comme cette cantatrice qui avant d’entrer en scène, avertit le public de l’Opéra de Paris qu’elle est malade et qu’elle ne chantera pas comme d’habitude. Le fait même de dire cela avant de chanter trahit sa peur...

Pour une scène à deux dans laquelle le téléphone devait sonner, je demande à ce qu’on entende vraiment sonner le téléphone, pour pouvoir me concentrer sur une autre partie du jeu. Quand on imagine une sonnerie de téléphone, on se concentre aussi sur elle et on joue différemment et quand on l’entend véritablement dans la pièce, on n’y pense plus et on joue la scène plus naturellement. Mais les techniciens ne le comprennent pas. Il y en a toujours un pour râler à ce moment-là parce qu’il faut installer un dispositif de sonnerie.