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Simon de la Brosse (c) D.R. SIMON DE LA BROSSE
Sublime fragilité
Par Jean-Charles TACHELLA


Quand on me pose la question " de tous vos films, quel est celui que vous préférez ? " , je suis incapable de répondre. Par contre, je sais très bien quelles sont, dans mes films, les scènes que j’aime et que je préfère.

Il en est une que j’affectionne tout particulièrement. C’est celle, dans Travelling Avant, où Donald-Simon de la Brosse, avant de faire l’amour avec Barbara-Ann Gisel Glass, lui confie en préliminaire : " tu sais, pour que je puisse aimer une fille, que je la prenne dans mes bras, j’ai besoin de m’imaginer que je suis un héros... ".

  Simon de la Brosse (c) D.R.
C’est sa fragilité qui rendait Simon de la Brosse sublime et bouleversant dans le rôle de Donald. Il faut en effet infiniment de fragilité pour dire avec talent " je ne peux pas rester en place. Je suis un homme d’action. Je veux être un homme d’action ". Ou encore : " N’oublie pas, entre nous, tout est différent, rien comme les autres. N’oublie pas : je ne suis pas n’importe qui ! "

Trente-trois comédiens et comédiennes, choisis et repérés par Gigi, ma femme, participèrent aux finales des essais pour les trois rôles principaux de Travelling Avant. Sept d’entre eux concouraient pour le rôle de Donald. Chacun devait interpréter devant la caméra vidéo cinq scènes du scénario, (condensées en trois, pour ne pas morceler le jeu des acteurs). L’une d’elles était la scène d’avant l’amour. En voyant jouer Simon pendant les essais, j’imaginais déjà tout ce que sa sensibilité allait apporter au film.

Simon de la Brosse (c) D.R.
On travailla beaucoup, mes acteurs et moi, dans l’hiver 1986-87 qui précéda le tournage. Ils avaient tous la passion du cinéma et prenaient plaisir à ce que je les plonge dans l’époque-reine de la cinéphilie, la fin des années 40. Je leur en montrais les films les plus représentatifs et aussi les actualités que l’on projetait alors dans les cinémas. Chaque fin de semaine, ils venaient chez moi lire les journaux de l’époque. Je me souviens d’un dimanche où l’on avait tiré les rois. Simon était heureux comme un petit garçon.

N’empêche que deux jours avant de commencer le film il m’a fait une drôle de peur. Il était apparu, dans mon bureau, à la production, avec des cheveux couleur carotte ! J’étais ahuri, je lui dis :

- Pourquoi tu as fait cela ?

- J’ai pensé que ça serait bien pour le rôle.

- Mais enfin, Thierry Frémont est roux. Et toi, tu vas être carotte !

J’étais d’autant plus effondré que le coiffeur accouru m’annonça qu’il fallait deux à trois semaines de lavages et teintures pour que les cheveux redeviennent normaux.

- J’ai fait une bêtise, me dit Simon. Mets-moi dehors.

- Je ne veux pas te mettre dehors. Je veux que ce soit toi qui fasse le film.