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  Tobbere (c) D.R.
Dani Kouyaté regrette qu’il n’existe aucune école pour les comédiens en Afrique francophone, mais reconnaît que ce n’est pas économiquement viable. " Pour créer une école, il faut avoir des sous. Si ceux qui vont s’inscrire ne peuvent pas payer des frais de scolarité, l’école ne peut pas fonctionner. "

Alors les Africains doivent apprendre sur le tas. "C’est en forgeant qu’on devient forgeron", rappelle Kouyaté avec un sourire. Mais avec seulement un film tous les deux ans, il faut vraiment se détacher du lot pour tenter de figurer dans le maximum de productions.

Contrairement au cinéma occidental où la distribution des rôles est l’une des premières préoccupations dans l’étude d’un projet de film, pour des considérations de marketing notamment, en Afrique c’est l’une des dernières priorités, tout simplement parce que le culte de la star n’a aucune mesure avec celui qui s’est développé aux Etats-Unis, et parce que les producteurs n’ont pas les moyens d’offrir des cachets à des acteurs fétiches.

Bilakoro (c) D.R.
 Quelquefois, on ne sait pas jusqu’à la semaine précédant le tournage, qui figurera dans le film ", lance Kouyaté aux spectateurs réunis dans une salle d’art et d’essai du 10e arrondissement de Paris. " A la limite, si un acteur refuse un prix qu’on lui offre, il sera remplacé par un autre indistinctement, parce qu’on ne peut pas offrir davantage ", dit Kouyaté, tout en décriant le manque de professionnalisme et de respect des cinéastes africains pour le travail de l’acteur.

"Sur la plupart des tournages, précise-t-il, les acteurs et les techniciens acceptent " amicalement " la modeste paye offerte, davantage par passion du cinéma et amour du projet que pour la rétribution financière. Ce qui donne lieu par ailleurs à des ambiances de travail plus agréables sur le plateau. "

Outre la distribution des rôles, le circuit de distribution des films africains pose également un problème majeur. " On vend le cinéma comme des bananes ou du cacao et il y a très peu de place pour des films à risque comme le mien. Bien sûr, c’est le cas partout ailleurs dans le monde pour les films d’auteur. Le problème pour nous, c’est que même sur notre propre terrain, nous n’avons pas de marché, et aucune infrastructure."

  Keïta ! (c) D.R.
Le Burkina Faso, par exemple, est le seul pays de l’Afrique de l’Ouest qui possède une billetterie pour faire le décompte des entrées. Le nombre d’entrées importe peu aux exploitants puisque la grande majorité des films présentés sont des grosses productions américaines qui ont déjà eu une large distribution dans les pays du Nord.

" Rambo, quand il arrive chez nous, il est déjà fatigué ! ", lance Kouyaté avec humour. " Pour ne pas perdre d’argent, explique-t-il, il faudrait être distribué dans toute la sous-région sub-saharienne parce que les prix d’entrée sont très faibles (10 francs CFA pour les meilleures places et seulement 1,5 franc CFA dans les salles populaires). Or je demande plus cher à l’exploitant que Rambo! "

Son ton devient plus amer lorsqu’il constate la situation de concurrence déloyale à laquelle lui et ses pairs africains sont constamment confrontés : "Nos films sont des produits absurdes d’un point de vue commercial. Alors le Grand prix du jury du FESPACO c’est agréable, mais ça ne fait pas avancer le schmilblick, surtout quand on voit que des grands réalisateurs africains comme Ben Ousmane ou Idrissa Ouédraogo ont encore du mal à collecter de l’argent pour faire leurs films. "



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Dani Kouyaté : le site officiel du réalisateur




2001 Sia, le rêve du python (Long métrage, 96 min)
1998 À nous la vie (Série TV, Béta SP, 12 épisodes de 26 min)
1995 Keïta ! L'héritage du griot (Long métrage de fiction, 94 min)
1993 Les Larmes sacrées du crocodile (Court métrage, Béta, 10 min)
1991Tobbere Kossam (Court métrage, 26 min)
1989 Bilakoro (Court métrage, 15 min)