Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     




 

 

 

 

 
Roman Polanski (c) D.R. ROMAN POLANSKI
Sa vie, son œuvre…
Par Alexandre TYLSKI


Homme à femmes magnifiques et à films marginaux. Retour sur le destin d'un cinéaste, d'un homme, toute sa vie aventurier mais fugitif, heureux mais maudit. Un parcours flamboyant et douloureux portant en lui les vicissitudes du 20ème siècle.


Né à Paris le 18 août 1933, Raymond part à l'âge de 4 ans avec ses parents s'installer à Cracovie, puis à Varsovie à l'annonce de la guerre. Tout jeune, Roman (ses parents lui préférant finalement Roman à Raymond) était déjà en fuite, un sentiment qui le poursuivra toute sa vie. De retour à Cracovie, c’est l’heure du ghetto pour Roman et sa famille, où il voit son quartier être " emmuré. " Il survit dans le ghetto quelque temps. Insouciant dans cet enfer, il joue un temps avec ses camarades. " J’utilisai, quant à moi, une bonne partie de ma collection de timbres pour payer un gamin qui possédait un projecteur-jouet avec lequel il me faisait voir sur une serviette crasseuse des extraits jaunâtres des premiers films muets. J’ai vu La sortie des usines Lumière sur un torchon. " (1)

  Tess (c) D.R.
Ses parents, craignant le pire quant aux déportations, l'envoient chez les Wilk, famille polonaise payée pour le garder en sécurité. Déportation de sa mère, alors enceinte, puis de son père. Roman s'installe chez les Putek, puis chez les Buchala. Une vie campagnarde (avec les moissons que l'on retrouvera dans Tess), dans des conditions d'extrême pauvreté. " Avec la génisse, le fumier, nos propres déjections et nos corps mal lavés, j’imagine que l’odeur devait être assez épouvantable. Si je ne fus jamais malade à Wysoka, j’y eus en permanence les jambes couvertes de furoncles… " (1)

La guerre est sur sa fin, la faim au ventre aussi, et Roman revient chez les Putek à Cracovie, puis chez ses oncles. Retour surprise de son père. " Un soir, rentrant à la maison du magasin, j’entendis une voix dans la cuisine. C’était mon père. (…) Je me précipitai dans ses bras avec un cri de joie et il me prit sur ses genoux. Personne ne m’avait ainsi câliné depuis des années. " (1) La mère de Roman, elle, fut assassinée dans une chambre à gaz quelques jours après sa déportation.

Roman Polanski (c) D.R.
Roman entre finalement en cinquième et se fait un ami, Piotr Winowski. Avec ce dernier, la passion des films grandit, à raison de deux séances de cinéma par jour, d’abord des films d’aventures comme Robin des bois, puis des films plus difficiles comme Hamlet d’Olivier et Huit Heures de sursis (Odd man out) de Carol Reed qu’il parvient à voir malgré l’interdiction aux moins de 18 ans. " C’est l’histoire d’un fugitif. Au sortir de la guerre, j’étais un fugitif du ghetto. Vingt ans plus tard, à Londres, j’étais le fugitif d’un régime stalinien. Et aujourd’hui, je suis toujours un fugitif ! " (2) écrit Polanski dans Positif.

" Dans mon enfance, je m’identifiais sans doute à cet homme dont personne ne veut, que des gens aimeraient aider mais qui leur fait peur parce qu’il est recherché par la loi. " (2)

L'été 46, Roman a 13 ans et découvre sa vocation de comédien lorsqu'il ravit l'attention lors d'une veillée de scout : " Ce fut une sensation comme on n’en connaît qu’une fois dans sa vie. (…) Mon sketch n’était pas terminé que je savais déjà que c’était là tout ce que je désirais faire tout ma vie : jouer la comédie. (…) J’avais découvert ma vocation. " (1)