Né à Paris le 18 août
1933, Raymond part à l'âge de 4 ans avec ses parents
s'installer à Cracovie, puis à Varsovie à
l'annonce de la guerre. Tout jeune, Roman (ses parents lui préférant
finalement Roman à Raymond) était déjà
en fuite, un sentiment qui le poursuivra toute sa vie. De retour
à Cracovie, c’est l’heure du ghetto pour Roman et sa
famille, où il voit son quartier être " emmuré.
" Il survit dans le ghetto quelque temps. Insouciant dans
cet enfer, il joue un temps avec ses camarades. " J’utilisai,
quant à moi, une bonne partie de ma collection de timbres
pour payer un gamin qui possédait un projecteur-jouet
avec lequel il me faisait voir sur une serviette crasseuse des
extraits jaunâtres des premiers films muets. J’ai vu La
sortie des usines Lumière sur un torchon. " (1)
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Ses parents, craignant le
pire quant aux déportations, l'envoient chez les Wilk,
famille polonaise payée pour le garder en sécurité.
Déportation de sa mère, alors enceinte, puis
de son père. Roman s'installe chez les Putek, puis
chez les Buchala. Une vie campagnarde (avec les moissons que
l'on retrouvera dans Tess), dans des conditions d'extrême
pauvreté. " Avec la génisse, le fumier,
nos propres déjections et nos corps mal lavés,
j’imagine que l’odeur devait être assez épouvantable.
Si je ne fus jamais malade à Wysoka, j’y eus en permanence
les jambes couvertes de furoncles… " (1)
La guerre est sur sa fin,
la faim au ventre aussi, et Roman revient chez les Putek à
Cracovie, puis chez ses oncles. Retour surprise de son père.
" Un soir, rentrant à la maison du magasin,
j’entendis une voix dans la cuisine. C’était mon père.
(…) Je me précipitai dans ses bras avec un cri de joie
et il me prit sur ses genoux. Personne ne m’avait ainsi câliné
depuis des années. " (1)
La mère de Roman, elle, fut assassinée dans
une chambre à gaz quelques jours après sa déportation.
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Roman entre finalement en
cinquième et se fait un ami, Piotr Winowski. Avec ce
dernier, la passion des films grandit, à raison de
deux séances de cinéma par jour, d’abord des
films d’aventures comme Robin des bois, puis des films
plus difficiles comme Hamlet d’Olivier et Huit Heures
de sursis (Odd man out) de Carol Reed qu’il parvient
à voir malgré l’interdiction aux moins de 18
ans. " C’est l’histoire d’un fugitif. Au sortir de
la guerre, j’étais un fugitif du ghetto. Vingt ans
plus tard, à Londres, j’étais le fugitif d’un
régime stalinien. Et aujourd’hui, je suis toujours
un fugitif ! " (2)
écrit Polanski dans Positif.
" Dans mon enfance,
je m’identifiais sans doute à cet homme dont personne
ne veut, que des gens aimeraient aider mais qui leur fait
peur parce qu’il est recherché par la loi. " (2)
L'été 46,
Roman a 13 ans et découvre sa vocation de comédien
lorsqu'il ravit l'attention lors d'une veillée de
scout : " Ce fut une sensation comme on n’en connaît
qu’une fois dans sa vie. (…) Mon sketch n’était pas
terminé que je savais déjà que c’était
là tout ce que je désirais faire tout ma vie
: jouer la comédie. (…) J’avais découvert
ma vocation. " (1)