L'été 1969,
alors qu'il est en Europe, Sharon Tate, enceinte, est assassinée
en Californie par la bande de Charles Manson. "
Je n'arrêtais pas de gémir : " Non, non
! " en balançant des coups de poing dans les
murs. (…) Est-ce qu'elle savait combien je l'aimais ? ne
cessais-je de répéter en polonais. Est-ce
qu'elle le savait ? "* La presse s'acharne avec
haine sur Polanski l'accusant de drogué et de pervers.
Polanski s'enfuit à Paris avec, là-bas aussi,
les paparazzi. Il décide, dépressif, de tourner
Macbeth (1971).
" Depuis ma
jeunesse à Cracovie, j'avais toujours voulu tourner
pour le cinéma l'une des pièces de Shakespeare.
"* Pluies incessantes sur le tournage. "
Par moments, j'avais l'impression de tourner une espèce
d'épopée sous-marine. "
(1) Au final, de mauvaises critiques le font
partir en Italie où il filme aussitôt What
? (1972) avec Marcello Mastroianni. " Ce fut
le premier film que je terminais avant la date prévue.
" (1) Succès
uniquement en Italie.
Jack Nicholson l'appelle
pour faire Chinatown (1974). Il rédige le
script avec Bob Towne qui n'aime pas la fin, trop tragique.
" L'effet dramatique du film, pense Polanski, serait
perdu si le public ne quittait pas son siège scandalisé
par l'injustice de tout cela. "
(1) Le film sera un immense succès public
et critique et ce, en dépit de Faye Dunaway qui posa
quelques problèmes sur le tournage avec son rouge
à lèvres. " Elle s’en s’appliquait
si fréquemment que l’équipe lui offrit , pour
célébrer la fin du tournage, un " Special
Blistex Award ", un tube géant d’un mètre
de long fabriqué par nos décorateurs. "
Polanski retourne en Italie
et monte la pièce Lulu, d'Alban Berg : "
Renouer avec le théâtre après plus de
20 ans fut une expérience prodigieuse – la seule
odeur du fard suffisait à me faire battre le cœur.
" (1)Il réalise
ensuite le sublime Locataire (1976), adapté
du roman de Roland Topor, et dans un temps record. Les critiques
n'aiment pas voir Adjani en souillon, ni l'intrigue elle-même
– que Polanski reconnaît comme n'étant pas
assez bien ficelée.
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Polanski met en scène
Rigoletto à Munich et rencontre Nastassia
Kinski alors âgée de 15 ans. Octobre 1976,
il part faire des photos d’elle pour Vogue aux Seychelles.
Ils sont amants. Il photographie aussi chez Jack Nicholson,
toujours pour Vogue, une fille audacieuse de 14 ans, couche
avec elle avant d’être accusé de viol. Il est
emprisonné en décembre 1977 : " J'étais
désemparé, débordant d'inquiétude,
totalement ignorant de ce qui m'attendait. "
(1) A sa sortie,
le juge Rittenband veut le faire re-plonger et Polanski
quitte les USA sachant qu'il ne pourra plus y revenir sans
y être incarcéré.
Il tourne Tess
(1979), dont il se vit offrir le livre par Sharon Tate juste
avant son assassinat. 29000 km pour repérer les lieux
de tournage et 9 mois de tournage. " L’unique moyen
de rendre l’aspect épique de l’œuvre de Hardy était
de faire de ce cadre [paysage] une partie intégrante
du film, pour signifier le passage du temps et les changements
de Tess elle-même au moyen d’un changement visible,
presque palpable, des saisons. " Claude Berri,
producteur du film, s’endette. Mort du chef opérateur
du film Geoffrey Unsworth, le tournage s'enlise et se termine
sur des disputes. Polanski part faire une pause en… Himalaya
! Tess sera un succès planétaire. Retour
en Pologne, Polanski retrouve son mentor Lomnicki et joue
dans la pièce Amadeus (1981). Un nouveau triomphe.
Il tourne finalement son
vieux projet Pirates (1986), avec de gros problèmes
de tournage. Le film est un échec coûteux malgré
des qualités indéniables. Il enchaîne
comme à son habitude avec un tout autre genre, Frantic,
(1988) avec Harrison Ford, où l'on retrouve l'angoisse
même d'un cinéaste dont on a volé la
femme, perdu dans un monde étranger. Une belle réussite.
