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  Mean Streets (c) D.R.

Mais sera déterminante peut-être surtout sa rencontre avec un acteur italo-américain présenté par De Palma lors d’une soirée : Robert De Niro (ce dernier et Scorsese se connaissaient de vue adolescents). Ce sera Mean Streets (1972). Keitel et De Niro improvisent avec panache, et Scorsese commence à faire virevolter sa caméra dans la musique, entre crimes et prières. Cela deviendra sa griffe. Le film est un succès critique et public. Il tourne Alice does not live here anymore (Oscar de la meilleure actrice), laisse pousser sa célèbre barbe, réalise Italianamerican puis Taxi Driver (Palme d’Or) : " Presque tout, dans Taxi Driver, vient de ce que je pense que les films sont une sorte d’état onirique, comme quand on prend de la drogue. Le choc qu’on ressent en sortant de la salle dans la pleine lumière du jour peut devenir terrifiant. Je passe mon temps à regarder des films et j’ai également le sommeil très lourd. C’est cette impression que j’ai mise dans le film - celle d’être presque réveillé. " (Ibid. p. 82)

Scorsese se marie avec Julia Cameron en 1975 et tourne son premier film à gros budget New York New York. " Deux personnes qui s’aiment qui sont tous deux des créateurs. C’était l’idée de départ : voir si leur mariage allait résister. On ne pouvait pas savoir si leur couple allait tenir le coup, car nous ne savions pas nous-mêmes si nos couples tenaient le coup. " (Ibid. p.96) Le film dépassera le budget prévu et décevra, en particulier son cinéaste. S’en suivent le tournage de The last Waltz, et la mise en scène avortée au théâtre de The Act avec Liza Minnelli, ainsi que le projet Gangs of New York en 1978, qui sortira 25 ans plus tard. Scorsese pour rien American Boy sur Steven Price, veut tourner Night Life mais tombe dans une dépression nerveuse.

The Last Temptation of Christ (c) D.R.

Raging Bull le sauve. Il épouse Isabelle Rossellini pendant le tournage. " C’est alors que j’ai compris qui était Jake ; j’étais passé par le même état que lui. (…) J’ai mis dans ce film tout ce que je savais, tout ce que je ressentais et j’ai pensé que ce serait la fin de ma carrière. C’est ce que j’appelle faire un film de kamikaze : on met tout dedans, on oublie tout et après on essaie de trouver une autre façon de vivre. " (Ibid.p.106) Le film remporte 2 oscars et est considéré aujourd’hui comme un des chefs-d’œuvre du cinéma américain. Scorsese tourne ensuite The King of Comedy malgré une santé très difficile. Il remporte récompenses et succès critiques mais le film est un échec commercial. Scorsese n’arrive pas à monter The Last Temptation of Christ, refuse des scénarios (Le flic de Beverly Hills et Witness) et divorce avec Isabella Rossellini.


1985 - 2003 : Vers une co-existence harmonieuse ?

En 1985, Scorsese se marie avec la productrice Barbara de Fina. Après trois ans de vache maigre, Scorsese décide de changer de stratégie. " Si je veux continuer à faire des films personnels, je dois leur [les distributeurs] montrer que j’ai un certain respect de l’argent et que ça se voit à l’écran. " (Ibid. p.148) Il tourne After Hours (Prix de la mise en scène à Cannes en 1985), puis réalise Mirror, Mirror pour Spielberg, The Color of Money qui rapporte de l’argent à Disney et un Oscar à Paul Newman, une publicité pour Armani, un clip pour Michael Jackson " Bad " en 1987.

  Goddfellas (c) D.R.

Ca marche pour Scorsese, il peut dès lors réaliser son fantasme de toujours. " J’ai toujours désiré faire un film sur la vie du Christ depuis le jour où je l’ai vu à l’écran dans La Tunique, lorsque j’avais 11 ans. (…) D’une certaine façon, c’était ce que j’avais voulu faire tout au long de ma vie… " (Ibid. P.156). Au final, le film fait scandale et sera censuré. Mais rien n’y fait, Scorsese est revenu au sommet, il réalise le sublime moyen métrage Life Lessons et enchaîne avec Goodfellas, une de ses réussites majeures. Dans la foulée, il réalise un autre film commandité par Spielberg (Cape Fear) et remporte son plus gros succès commercial.

Martin Scorsese semble arrivé à une position privilégiée à Hollywood, capable de vivre avec le système tout en réalisant des films personnels. Il réalise The Age of Innocence en 1993, le film est un échec commercial, mais la beauté plastique du film est incontestable, tout comme le sera Casino deux ans plus tard. En 1995, il reçoit le prix John Huston pour sa carrière et son engagement pour la préservation des films. Il réalise un documentaire sur le cinéma américain et reçoit en 1997 le prix de l’American Film Institute Life Achievement pour l’ensemble de sa carrière. Il est interdit de séjour en Chine à cause de son film Kundun en hommage au Dalaï-Lama.